Tous les moyens doivent être mis en uvre pour enrayer la progression du diabète de type 2, non seulement dans les pays industrialisés mais aussi dans ceux en voie de développement, a annoncé le Pr Eric Renard (endocrinologue, Montpellier) au cours de la 31e session du Club Santé. Cela pour plusieurs raisons.
Premièrement, le diabète de type 2 est incontestablement un problème de santé publique (on compte 150 millions de diabétiques dans le monde). Sa progression est due à la conjonction d'un terrain génétique favorable (les personnes qui ont survécu aux famines présentaient des capacités d'épargne énergétique qui ne sont plus de mise dans un monde d'abondance) et d'une modification du mode de vie (sédentarité et profusion alimentaire).
Deuxièmement, l'histoire naturelle du diabète de type 2 est connue et on peut repérer les sujets porteurs d'une insulinorésistance à haut risque de développer la maladie.
En effet, et la troisième condition est ainsi remplie, il existe des tests simples permettant de dépister les personnes à haut risque de diabète. Une glycémie à jeun comprise entre 1,10 g/l et 1,26 g/l et une glycémie deux heures après l'ingestion de 75 g de glucose comprise entre 1,40 et 1,99 g/l sont des facteurs prédictifs de la survenue d'un diabète de type 2. Ces tests doivent être réalisés sur une population ciblée : les plus-de-45-ans, surtout s'ils sont en surpoids, ainsi que les moins-de-45-ans, lorsqu'ils présentent un excès pondéral, des antécédents familiaux de diabète de type 2, un antécédent de diabète gestationnel ou d'enfant dont le poids de naissance dépassait 4 kg, une dyslipidémie ou une HTA.
Empêcher ou retarder la maladie
Quatrième condition pour agir, il faut disposer de moyens sûrs, efficaces et fiables, capables de prévenir ou de retarder la maladie. Les essais de Malmö et de DaQing, réalisés chez des patients intolérants au glucose, ont montré qu'une diététique adaptée et la pratique d'un exercice physique régulier freinaient l'évolution vers le diabète. Une étude finlandaise d'intervention sur le mode de vie, menée chez des sujets obèses d'âge moyen intolérants au glucose, a montré la réduction de 58 % de l'incidence du diabète après un suivi moyen de 3,2 ans. Ce bénéfice était observé dans le groupe soumis à un programme individualisé intensif de réduction pondérale, de contrôle des apports alimentaires et d'accroissement de l'activité physique, comparé à un groupe témoin. Par ailleurs, des essais incluant la prise d'antidiabétiques oraux (metformine, troglitazone ou acarbose) sont également en faveur d'une réduction de l'incidence de survenue de diabète de type 2 chez les patients intolérants au glucose.
Poursuivre les essais
A ce propos, il convient de noter que le mode d'action de la metformine (diminution de la production hépatique de glucose, réduction de la néoglucogenèse et augmentation de la captation musculaire du glucose) répond aux mécanismes physiopathologiques de l'insulinorésistance (augmentation de la production hépatique de glucose et diminution de la captation musculaire du glucose en période postprandiale). Toutefois, aucun antidiabétique oral n'a actuellement une AMM avec l'indication « prévient le diabète chez les intolérants au glucose ».
Cette position pourrait être révisée dans les années à venir si la preuve de l'efficacité (et de l'innocuité) d'un schéma thérapeutique préventif est faite et que la balance coût/efficacité d'une telle prescription est acceptable. Car la dimension économique est la cinquième condition à la mise en place d'une politique de prévention ; paramètre encore insuffisamment étudié.
Aussi, dans l'état actuel des connaissance, convient-il de dépister les personnes à haut risque, de leur proposer des mesures hygiénodiététiques précises et strictes pour réduire leur insulinorésistance, et de contrôler leurs autres facteurs de risque cardio-vasculaires (HTA, tabac, dyslipidémie).
Conférence organisée par les Laboratoires Merck Santé dans le cadre de la 31e session du Club Santé, avec la participation du Pr Guillaume Charpentier (CHU Corbeil-Essonne) et du Pr Eric Renard (CHU Montpellier).
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