Gagner quelques millimètres de mercure et millimoles de glycémie au prix de multithérapies complexes, ne produit pas forcément de bénéfices cardiovasculaires perceptibles… Ainsi conclut la vaste étude ADDITION*, menée chez 3 057 patients. L’essai avait pour objectif - outre celui d’un diagnostic précoce du diabète de type 2 (DT2) au sein d’une population à haut risque- de comparer prises en charge intensive et conventionnelle. La stratégie intensive associait conseils hygiéno-diététiques, arrêt du tabac, activité physique 30 minutes/jour, une HbA1c<7 % (metformine si l’HbA1c›6,5 %, laissé ensuite à la discrétion des investigateurs), PA<135/85 mmHg (IEC si la PAS≥120/80 mmHg, puis intensification si PA≥135/85 mmHg), un cholestérol total<5mM (statine si <4,5 mM et si atteinte cardiovasculaire, seuils revus à la baisse en 2002 de 0.5 mM), aspirine en cas de traitement antihypertenseur.
ADDITION déçoit
Déception ! Après 5,3 ans de suivi moyen, concernant le critère de jugement principal composite (décès CV, IDM, AVC non mortels, revascularisations, amputations) aucune différence significative n’est trouvée entre les deux groupes de traitement (HR=0.83 [0,65-1,05] ; p=0,12). Rien de quoi conclure non plus pour les décès cardiovasculaires (0.88), pour les décès toutes causes (0,91), les infarctus du myocarde (0,70), les accidents vasculaires cérébraux (0,98) ni les revascularisations (0,79). Quant à l’HbA1c, elle a effectivement baissé, sans qu’aucun des groupes ne se distingue : de 6,6 % à 6,5 % dans le groupe conventionnel versus de 6,5 % à 6,4 % dans le groupe intensif. La perte de poids a été identique, de deux kilos en moyenne. Au moins, une multithérapie visant à passer sous la barre des 6,5 % d’HbA1c n’est pas délétère, avec un risque relatif de mortalité toutes causes dans le groupe intensif de 0,91. Au final, la PAS/PAD est de 138/81 mmHg dans le groupe conventionnel et de 135/80 mmHg dans le groupe intensif (avec 57 % vs 72 % d’IEC prescrits respectivement). Le LDL-C au départ à 1,31 g/L dans les deux groupes, diminue à 0,89 g/L dans le groupe conventionnel, très peu différent de la valeur à 0,81 g/L en fin d’étude dans le groupe intensif, grâce à une prescription respective de statines de 40 % et 69 % respectivement.
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