« Nos résultats tendent à conforter l'hypothèse selon laquelle l'hémochromatose héréditaire est une maladie généralement négligée chez les patients qui présentent un diabète de type 1 à déclaration tardive », expliquent C. Ellervik et coll. (Copenhague). Ce diabète peut correspondre à une manifestation tardive de la surcharge en fer.
La surcharge en fer des organes cibles
Un dépistage de l'hémochromatose, lorsqu'un diabète de type 1 se déclare à l'âge adulte, permettrait de réduire la morbidité et la mortalité.
De fait, l'hémochromatose héréditaire est considérée cliniquement comme une maladie rare, alors que les études génotypiques suggèrent que c'est l'une des maladies génétiques les plus fréquentes, tout au moins chez les descendants des habitants nord-européens. Comme la pénétrance de la maladie peut atteindre 50 %, l'équipe danoise a cherché à savoir dans quelle mesure le diagnostic de l'hémochromatose est négligé.
La surcharge en fer a pour conséquences des atteintes progressives des organes cibles, principalement le foie, le pancréas, le cur et l'hypophyse, conduisant peu à peu à l'installation d'une sidérose hépatique, puis d'une cirrhose, d'un diabète, d'une insuffisance cardiaque, d'atteintes articulaires et d'un hypogonadisme hypophysaire. Plusieurs années de surcharge sont nécessaires avant que les signes cliniques n'apparaissent. C'est en moyenne vers l'âge de 53 ans chez les hommes et 63 ans chez les femmes que se manifestent les premiers symptômes.
La recherche fructueuse de deux mutations connues
Christina Ellervik et coll. ont réalisé une étude rétrospective chez les 716 patients qui ont fréquenté le « Steno Diabetes Centre » de Copenhague entre avril et novembre 1999 et chez qui un diabète de type 1 est apparu après l'âge de 30 ans.
Ils ont recherché les deux mutations à l'origine de l'hémochromatose héréditaire identifiées en 1996 (C282Y et H63D) et évalué la saturation de la transferrine et la concentration en ferritine. Ils ont fait les mêmes analyses chez 9 174 sujets contrôles de la population danoise.
Les résultats sont hautement significatifs. L'étude suggère une association entre un génotype homozygote pour la mutation G282Y et le diabète de type 1. La fréquence relative du génotype C282Y/C282Y est de 1,26 % dans la population des diabétiques (n = 9) et de 0,25 % seulement chez les contrôles (p < 0,0001). Ces diabétiques présentaient des signes d'hémochromatose non identifiés. On trouve, chez ces patients, des saturations de la transferrine allant de 57 % (une femme) à 102 % (un homme) et des concentrations en ferritine de 17 μg/l à 8 125 μg/l. Normalement, la saturation de la transferrine est inférieure à 50 % et la concentration de la ferritine est comprise entre 12 et 300 μg/l.
La saturation de la transferrine chez les homozygotes C282Y/C282Y est plus élevée que dans tous les autres génotypes. Et ce paramètre, chez les hétérozygotes composés C282Y/H63D et chez les hétérozygotes H63D, est plus élevé que dans la population possédant les deux allèles sauvages.
En revanche, la fréquence de l'hétérozygotie composée C282Y/H63D apparaît identique dans les deux groupes. La fréquence de l'homozygotie H63D/H63D (2,1 % contre 1,7 %) n'est pas significativement plus importante dans le groupe des diabétiques.
La mesure de la saturation de la transferrine, suivie d'un test génétique, pourrait permettre un dépistage de l'hémochromatose et éviter les atteintes cardiaques et hépatiques, concluent les auteurs.
« The Lancet », vol. 358, 27 octobre 2001, pp. 1405-1409.
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