On sait que le diabète de type 1 résulte de la destruction des cellules bêta pancréatiques par un phénomène à médiation immunitaire. On sait aussi qu'il peut être transmis par la greffe de moelle, tant chez l'animal que chez l'homme.
S'il est généralement accepté que les lymphocytes T sont impliqués dans le cours de la maladie, en revanche, le rôle des lymphocytes B est moins clair. Quand ils sont activés, ils peuvent produire des autoanticorps contre les antigènes pancréatiques (GAD, insuline, IA2) et sont capables de présenter les autoantigènes aux cellules T.
Blocage de la différenciation des cellules B
L'agammaglobulinémie liée à l'X est un déficit immunitaire humain caractérisé par un blocage de la différenciation des cellules B. Les garçons atteints ont peu de lymphocytes B et très peu d'immunoglobulines. On pourrait donc penser qu'un enfant atteint ne peut pas développer de diabète de type 1. Or une observation laisse croire au contraire.
L'histoire est celle d'un garçon de 3 ans chez qui, à l'occasion d'infections bactériennes sévères, on découvre un déficit immunitaire : il a un déficit absolu en lymphocytes B et en d'immunoglobulines. Il a trois demi-frères : l'un est mort lors d'une infection sévère ; un autre est atteint du même déficit immunitaire et reçoit des perfusions d'immunoglobulines ; un autre encore n'est pas atteint. Aucun des quatre pères n'a de déficit immunitaire ; la mère non plus.
Quand ce garçon a 14 ans, on lui découvre un diabète à l'occasion d'une hyperglycémie sévère survenue lors d'une otite moyenne aiguë. Il est mis sous insuline. Le déficit en insuline est vérifié. L'enfant ne possède pas les autoanticorps normalement associés au diabète (anti : cellules d'îlots, GAD 65, IA2, insuline). Pourtant, il présente un type HLA classiquement associé au diabète de type 1 : DR3, DQ2, DR4, DQ8.
Plusieurs arguments sont en faveur d'un réel diabète de type 1 chez cet enfant qui présente une agammaglobulinémie : dépendance à l'insuline, insuffisance de fonctionnement des cellules bêta (taux basal d'insuline faible ; réponse minimale à la stimulation par glucagon I.V.). Une pathogénie d'origine immunitaire est démontrée par un réponse proliférative aux autoantigènes spécifiques.
Au moment du diagnostic, le sérum du patient ne contenait pas d'immunoglobuline détectable ni de cellules B; la cytométrie de flux a montré des cellules B en dessous du seuil de détection de 0,4 %, confirmant le diagnostic d'agammaglobulinémie liée à l'X.
Malgré le manque de cellules B dans le sang du patient, il avait une prolifération normale des cellules T en réponse aux stimulations non spécifiques.
Une immunothérapie parfois en échec
« Nous concluons, écrivent les auteurs, que le diabète de type 1 peut se développer en l'absence, à la fois, d'autoanticorps et de cellules B. Ce qui met le diabète de type 1 en opposition avec le diabète spontané des souris NOD (non obèses diabétiques), qui a été déclaré dépendant des cellules B. Nous ne voulons pas dire que les cellules B et les autoanticorps ne peuvent pas contribuer à la pathogénie du diabète de type 1, mais nos résultats peuvent expliquer pourquoi une immunothérapie dirigée contre les cellules B ou les autoanticorps peut ne pas être efficace pour prévenir la destruction des cellules bêta. »
Stephan Martin et coll. (Allemagne et Pays-Bas). « New England Journal of Medicine » du 4 octobre 2001, pp. 1036-1039.
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