« Nous avons découvert qu'il est possible de repeupler rapidement les îlots pancréatiques sans l'utilisation de cellules souches embryonnaires », commente dans un communiqué le Dr Denise Faustman (Massachusetts General Hospital and Harvard Medical School, Charlestown, Massachusetts), qui a dirigé ces travaux. « Avec l'obtention d'une régénération des îlots efficace, robuste et durable, cette découverte ouvre une approche entièrement nouvelle pour traiter le diabète. »
Le Dr David Nathan, directeur du centre diabétique du Massachusetts General Hospital, a déjà développé un protocole pour tester cette approche chez les patients diabétiques, mais des bourses de recherches supplémentaires sont nécessaires avant de pouvoir commencer un essai clinique.
« Ces résultats fascinants, dans un modèle murin de diabète de type 1, suggèrent que les patients qui développent un diabète pourraient être sauvés d'une plus ample destruction de leurs cellules productrices d'insuline », déclare le Dr Nathan. « De plus, les patients ayant un diabète pleinement établi pourraient avoir une rétrocession de leur diabète. »
Ces études ont été menées chez la souris diabétique non obèse (NOD), un modèle du diabète de type 1. Chez ces souris, l'auto-immunité spontanée détruit les îlots pancréatiques producteurs d'insuline.
La restauration de l'autotolérance
Dans une précédente étude, l'équipe montrait que, chez des souris NOD sévèrement diabétiques, il est possible de guérir le diabète en injectant, simultanément, le TNF-alpha, ou l'adjuvant complet de Freund qui induit la sécrétion endogène de TNF-alpha, et des cellules de rate d'une souris donneuse normale (« J Clin Invest », 2001). Le TNF-alpha élimine l'auto-immunité (les cellules T de mémoire auto-immunes) et les splénocytes normaux, compatibles partiellement ou complètement pour les antigènes CMH de classe 1, rééduquent les nouvelles cellules immunes des souris diabétiques et restaurent l'autotolérance. Ce traitement s'accompagne d'une réapparition des îlots sécréteurs d'insuline capables de contrôler normalement la glycémie.
La question non résolue de cette surprenante découverte était de savoir quelle était la source de ces nouveaux îlots.
L'étude présente a étudié cette question. « Nous avons découvert qu'il survient une régénération des îlots et que les cellules se développent à partir des propres cellules de la souris receveuse, ainsi que des cellules du donneur », explique le Dr Faustman.
Pour découvrir cela, les chercheurs ont répété leur traitement, décrit ci-dessus, chez des souris femelles diabétiques, mais en comparant l'injection de splénocytes vivants à celle de splénocytes irradiés, de donneurs mâles. Les chercheurs ont constaté que les splénocytes vivants du donneur peuvent se différencier rapidement en îlots dans le pancréas. L'injection des splénocytes irradiés peut aussi entraîner une régénération complète des îlots, mais de façon beaucoup plus lente (au bout de 120 jours), ce qui suggère la possibilité de régénération des îlots à partir de précurseurs endogènes.
Enfin, les îlots fonctionnels sont reconstitués par les splénocytes dépourvus de la molécule de surface CD25 (CD25-), marqueur de la lignée lymphoïde ; cela indique que les splénocytes peuvent procurer des cellules souches mésenchymateuses.
En conclusion, cette découverte suggère que le traitement du diabète n'a pas besoin d'incorporer une transplantation d'îlots exogènes.
Lupus et Crohn
De plus, l'utilisation de splénocytes frais élimine le besoin de manipulation de cultures cellulaires qui peuvent transformer les cellules souches (maligne ou anomalies ADN).
Le Dr Faustman souhaite voir si ces découvertes pourraient s'appliquer à d'autres maladies auto-immunes, comme le lupus et la maladie de Crohn, causées par les mêmes cellules auto-immunes que dans le diabète.
« Science », 14 novembre 2003, p. 1 223.
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