D'hier et d'aujourd'hui

LES ADMIRATEURS du cinéma américain de la grande époque, qui a duré plusieurs dizaines d'années, sont gâtés par l'édition. Pour les Cahiers du cinéma, Noël Simsolo signe un essai sur « le Film noir » (35 euros). Il analyse le genre à la lumière de ses sources littéraires et cinématographiques et du contexte historique, social et politique (peur de l'apocalypse atomique, chasse aux sorcières...), sans oublier l'influence de la psychanalyse.
Patrick Brion, maître d'œuvre du Cinéma de minuit sur France 3, consacre un bel album à l'un des plus intelligents réalisateurs (mais aussi scénariste et producteur) de Hollywood, « Mankiewicz » (La Martinière, 624 pages, 49 euros).
Parmi les cinéastes américains actuels, « Martin Scorsese » est l'un des plus passionnants. Le centre Pompidou lui consacre une rétrospective et co-édite avec les Cahiers du cinéma les entretiens qu'il a pour chaque film avec le journaliste, cinéaste et historien de cinéma Michael Henry Wilson (306 pages, 400 photos, 55 euros).
« Tim Burton » a aussi ses nombreux aficionados. C'est sa biographie que propose Antoine de Baecque. Burton a débuté comme dessinateur chez Walt Disney avant de signer « Edward aux mains d'argent », « l'Etrange Noël de Mister Jack » et « Charlie et la chocolaterie », entre bien d'autres. L'album est illustré de nombreux dessins inédits, qui donnent les clés de l'univers fantastique et coloré du cinéaste (Cahiers du cinéma, 192 pages, 250 photos, 35 euros).
Le cinéma français a aussi des analystes. Sous la direction de Jean-Luc Douin et Daniel Couty, les auteurs d' « Histoire(s) de films français » présentent 90 œuvres, du muet à aujourd'hui, en racontant leur genèse et en apportant de nombreux éclairages sur acteurs, réalisateurs, musiciens... Fictions, documentaires, films d'animation, sans négliger les grands succès commerciaux sont au sommaire (Bordas, 60 euros).
Le réalisateur des « Choses de la vie », mort en 2000, a laissé une œuvre personnelle et profondément attachante. Pour retrouver l'explorateur de l'âme humaine et ses films, voici « Sautet par Sautet », un livre de Dominique Rabourdin et N. T. Binh - qui ont interviewé collaborateurs et amis -, construit autour d'un long texte du cinéaste (La Martinière, 380 pages, 53 euros)
Un thème passionnant est exploré par 85 auteurs, sous la direction de Thierry Jousse, dans une encyclopédie publiée par les Cahiers du cinéma, « la Ville au cinéma ». Les façons de représenter la ville, les genres, les lieux et personnages, 55 villes cinématographiques et 50 cinéastes urbains (de Woody Allen à Wong Kar-wai) sont présentés en 896 pages et 156 photos (60 euros).
Calmann-Levy poursuit son recensement annuel. « L'Année du cinéma 2005 », signé Danièle Heymann, Isabelle Danel et Pierre Murat, avec trois autres critiques, va de juillet 2004, avec « Carnets de Voyage » (Walter Salles), à juin 2005 avec « The World » (Jia Zhang-ke). A chaque mois son film phare, avec plusieurs critiques et analyses parues dans la presse, puis des notes sur les autres sorties importantes. Les auteurs ne cachent ni leurs enthousiasmes, ni leurs déceptions, ni les critiques sévères que certaines productions leur inspirent. Très abondamment illustré et mis en page de façon vivante, l'ouvrage est très agréable à lire et sera utile à ceux qui verront les films à la télé ou en DVD (256 pages, 30,15 euros)
« Lars von Trier, le provocateur », c'est le titre de la biographie que signe Jean-Claude Lamy (Grasset, 18 euros). Pendant deux ans, ce spécialiste de cinéma a dépouillé tout ce qui s'est écrit sur le cinéaste, a discuté des dizaines d'heures avec lui, a interrogé ses proches et ceux qui ont travaillé sous sa direction. Une enquête passionnante sur un cinéaste réputé phobique et manipulateur, qui n'a bien sûr pas dit son dernier mot.
S'il est, enfin, un cinéma très vivant, tout en ayant une longue histoire, c'est celui de Hong Kong. Arts martiaux, mélo, comédies, opéra, films de fantôme, polar, nouvelle vague : dans leur « Encyclopédie du cinéma de Hong Kong », Emrik Gouneau et Léonard Amara passent en revue les genres (ils y sont presque tous) dans lesquels les hong kongais se sont illustrés. Ils s'intéressent aux studios et compagnies de production (la Cathay, les frères Shaw, la Golden Harvest...) et consacrent des notices complètes aux films, acteurs, chorégraphes, artistes martiaux, compositeurs mais aussi aux femmes fatales, aux méchants, aux inclassables... (Les Belles Lettres, 456 pages, 49 euros).