On parle des ravages du sida sur le continent africain. Il ne faut pas en oublier les victimes par ricochet. L'association Orphelins Sida tente d'apporter un soutien aux enfants dont les parents sont décédés du sida. Depuis le début de l'épidémie en effet, plus de 15 millions d'enfants ont perdu un ou leurs deux parents. L'ONUSIDA prévoit qu'ils seront 44 millions à l'horizon 2010.
Ces enfants sont exposés à des risques vitaux : malnutrition d'abord mais aussi déscolarisation, alcoolisme, délinquance, prostitution. Et ils viennent gonfler le nombre des enfants des rues. « Tous les enfants du monde ont droit à la protection d'un adulte. » Tel est le credo d'Orphelins Sida qui a développé six programmes de parrainage.
Lien affectif entre l'enfant et son parent
D'abord des parrainages « classiques » d'enfants, qui impliquent une contribution financière (mensuelle, trimestrielle ou annuelle, aux frais d'alimentation, d'éducation, de santé et de logement, pour un enfant en particulier ou une fratrie), mais aussi une correspondance épistolaire qui crée un lien affectif entre l'enfant et son parrain. Il est évident que la détresse de ces enfants n'est pas seulement matérielle.
Il y a aussi les parrainages des aïeux, qui sont nombreux à recueillir leurs petits enfants après le décès de leurs propres enfants. Puis ceux des mineurs qui se retrouvent du jour au lendemain chefs de famille et doivent élever leurs frères et soeurs plus jeunes. L'association entend apporter son soutien aux orphelinats existants et financer des actions de formation du personnel de l'enfance dans les pays concernés.
Orphelins Sida travaille essentiellement en collaboration avec des associations implantées sur place, ONG locales ou internationales, organismes religieux ou caritatifs. « Nous signons une convention bilatérale avec une association qui existe déjà, explique sa présidente Myriam Mercy, qu'il s'agisse d'une association de lutte contre le sida ou d'une association qui prend en charge des orphelins ou des enfants des rues. »
Après avoir clairement établi les objectifs de l'action, Orphelins Sida tente d'évaluer avec l'association locale les besoins et les méthodes de travail. « Nous travaillons avec au moins deux associations dans chaque pays pour assurer un suivi si jamais l'une des deux venait à faillir, précise Sandrine Rollo, référente pour la République démocratique du Congo (RDC), même si nous en avons préalablement vérifié la légitimité et la solidité financière. »
Des programmes sont déjà engagés au Burundi, en République démocratique du Congo, en Argentine, en Côte d'Ivoire, en Afrique du Sud et au Togo.
Soin et insertion sociale
Le Dr Adrien Kisi fait partie de l'équipe de la Pastorale du sida en RDC. Il prend en charge de petits orphelins du sida. Ceux-ci sont repérés grâce au réseau du bureau diocésain des uvres médicales et au recensement des cas de sida réalisé à Kinshasa. « En fait, ces enfants ne présentent pas vraiment plus d'infections que d'autres. Mais la prévention n'est pas assurée auprès d'eux, explique le médecin. Chez nous, l'enfant abandonné n'existe pas. Il est honteux pour une famille de ne pas s'occuper de l'orphelin. On rappelle donc aux familles ces valeurs culturelles. »
Dans les premières années, la Pastorale apporte aux enfants des aides en nature, la plupart du temps alimentaires, et puis, dans la mesure du possible, elle met en place des insertions dans les écoles catholiques. « Nous faisons également un gros travail d'éducation et d'information. Nous rencontrons des cas assez complexes de très jeunes chefs de famille. L'idéal est parfois de les confier à un orphelinat, or ces orphelinats ne sont pas suffisamment sensibilisés au problème du sida et refusent parfois des enfants de peur qu'ils ne soient eux-mêmes contaminés », déplore le Dr Kisi.
Il y a quelqu'un quelque part
Le petit Toussaint, 5 ans, né de père inconnu et dont la maman est porteuse du VIH est parrainé par un monsieur dont il ignore probablement la célébrité. « Ce qui est important pour cet enfant, c'est de savoir qu'il y a quelqu'un pour lui quelque part, sans forcément mettre un nom sur cette personne. » C'est Michel Jonasz qui parle, l'un des parrains célèbres de l'association. « Bien sûr, je suis sensible aux problèmes de l'enfance. Nous devons lutter contre les injustices dont souffrent ceux qui vont faire le monde de demain. Mais ma première motivation vient de la confiance sans limites que je voue à Myriam Mercy. Cela me permet de dire aux gens : "Vous pouvez y aller" », explique au « Quotidien » le chanteur, qui entend bien rencontrer un jour son filleul. « J'éprouve la satisfaction que peuvent ressentir tous les parrains : avoir conscience de mon petit geste sur la vie d'un enfant sur cette terre. »
Orphelins Sida international, 47-49, rue des Maraîchers, 75020 Paris, 01.47.97.54.94, contact@orphelins-sida.org.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature