Les chiffres sont effarants. En France, 10 millions de personnes sont atteintes d'herpès labial et 2 millions d'herpès génital. Soit un cinquième de la population. Sans compter les 60 000 cas d'herpès oculaire, les 200 cas d'encéphalites herpétiques et la vingtaine d'herpès du nouveau-né recensés chaque année.
Face à l'importance de l'épidémie, une journée nationale de sensibilisation s'impose comme une urgence de santé publique. Cette deuxième édition de la Journée nationale contre l'herpès s'inscrit dans le cadre de la Semaine internationale contre l'herpès, programmée du 18 au 24 novembre. Outre la France, l'Australie, l'Inde, le Japon, la Malaisie, la Suède ou encore les Etats-Unis se mobilisent contre cette pandémie. But de l'action : provoquer une prise de conscience collective afin de faciliter la reconnaissance de la maladie et d'inciter les personnes atteintes à se prendre en charge pour limiter la propagation de l'infection. Cette campagne s'adresse au grand public mais également aux personnes infectées et aux professionnels de santé.
Méconnaissance et transmission
La campagne française s'est donné pour cible principale les 15-25 ans, une « population clé » particulièrement exposée à l'herpès et néanmoins totalement ignorante de cette maladie. Comme leurs aînés, les jeunes sont devenus moins scrupuleux vis-à-vis du port du préservatif ces dernières années. Le scénario catastrophe d'un sida décimant les populations à vue d'il ne s'étant pas réalisé (tout du moins en Europe...), tout un chacun se conforte désormais dans l'idée que le sida concerne essentiellement des populations particulières (bisexuels, échangistes, homosexuels, toxicomanes...). D'autres se sont « habitués » à ce contexte menaçant. Et c'est ainsi que l'on assiste à une importante recrudescence des MST, herpès en tête.
Pour mieux cerner la problématique, l'Association herpès a demandé à Harris médical de réaliser auprès des 15-25 ans un baromètre* concernant leur connaissance de la maladie. Il en ressort que, si le sida fait aujourd'hui partie du quotidien des jeunes, l'herpès reste une maladie peu associée aux MST - qui semblent d'ailleurs assez loin de leurs préoccupations. La maladie elle-même se révèle très mal connue : si 95 % des interviewés connaissent le « bouton de fièvre », seulement 28 % connaissent « l'herpès labial ». En réalité, les jeunes ne font pas le lien entre les deux terminologies. Pas étonnant, donc, qu'un jeune sur deux ignore que l'herpès labial peut être transmis à d'autres parties du corps, et notamment aux organes génitaux. Et les interviewés souffrant d'herpès (en général labial) ne font pas preuve d'une meilleure connaissance des risques de transmission que le reste de l'échantillon.
Un sujet tabou
Méconnu, l'herpès génital se révèle également « tabou ». Si 86 % des jeunes interrogés connaissant l'herpès estiment qu'il est facile de parler d'herpès labial à son partenaire, son entourage ou son médecin, il n'en est pas du tout de même pour l'affection génitale : 63 % des 15-25 ans ayant entendu parler de l'herpès génital confessent qu'il est difficile d'en parler, surtout à son partenaire. La honte prime donc encore sur l'importance de préserver son partenaire. Une attitude qui s'explique notamment par la méconnaissance de l'impact de la maladie sur la qualité de vie et les risques graves qui peuvent y être associés (herpès néonatal, contamination par le VIH...).
La Journée nationale contre l'herpès, organisée en partenariat avec la Ville de Paris, les centres d'information jeunesse - CRIJ en région et CIDJ à Paris -, ainsi que le CESPHARM (Comité d'éducation sanitaire et sociale de la pharmacie française), et sous le patronage du Haut Comité français de la santé publique, se déclinera à travers différentes actions. Un kit d'information pédagogique, comprenant un diaporama, une bande dessinée, des brochures et des affiches, sera diffusé à partir d'octobre auprès des principaux interlocuteurs des jeunes en matière de santé. Des actions de proximité seront également développées : les radios locales sont appelées à contribution (un CD d'information a été préparé à leur intention), ainsi que les infirmières scolaires (à l'aide du kit pédagogique). En outre, des bus itinérants iront à la rencontre des jeunes dans les lieux qu'ils fréquentent. Enfin, l'information sera relayée dans les lieux d'accueil des CHU, dans les centres d'information jeunesse, les PMI, et à travers tout le réseau associatif du planning familial.
* Sondage réalisé du 11 au 18 juin 2002 sur un effectif de 819 personnes constituant un échantillon représentatif de la population française âgée de 15 à 25 ans. Les résultats complets de l'enquête sont disponibles sur le siteInternet www.herpes.asso.fr. Ce site comporte une partie réservée aux professionnels de santé.
Pour en savoir plus : l'Association herpès a coédité avec les éditions Autrement « Maux secrets - MST, maladies taboues » (Coll. Mutations, n° 188, 18,29 euros).
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