LA PLUS FREQUENTE des arythmies cardiaques prolongées, la fibrillation auriculaire, est caractérisée par une activité électrique chaotique des oreillettes. Elle touche 1 personne sur 10 après 80 ans et cause une morbi-mortalité significative, représentant la principale cause d'accident vasculaire cérébral d'origine cardiaque.
De récentes études ont apporté la preuve d'une contribution génétique. On sait que des mutations dans les gènes du canal potassium sont associées à des formes familiales, mais elles ne sont responsables que d'une petite partie des FA.
Des chercheurs islandais de deCode Genetics, en collaboration avec des chercheurs américains et chinois, ont identifié deux variants génétiques courants qui confèrent une susceptibilité à la FA.
Une étude génomique d'association.
Daniel Gudbjartsson et coll. ont d'abord conduit une étude génomique d'association dans une cohorte islandaise composée de 550 patients atteints de FA (et/ou de flutter auriculaire) et de 4 500 témoins. Après analyse de plus de 300 000 SNP (polymorphisme d'un seul nucléotide), deux variants génétiques ont été trouvés sur le chromosome 4q25. Ils sont fortement associés à la FA (et/ou au flutter).
Ces deux variants à risque ont été confirmés ensuite dans trois autres cohortes de cas-témoins d'origine européenne – islandaise, américaine et suédoise – représentant au total 18 000 sujets.
Sur 1 000 cas, 200 sont attribuables aux variants.
Les allèles T à risque des deux variants – rs2200733 et rs10033464 – confèrent respectivement une augmentation de 70 % et de 40 % au-delà du risque normal de FA. Environ un tiers des personnes d'origine européenne portent au moins une copie de l'un des variants à risque.
Les individus homozygotes pour le variant à plus grand risque courent 2,5 fois plus de risque d'avoir une FA que les individus non porteurs. Le variant à plus grand risque a également été confirmé dans une cohorte de cas-témoins chinois (Han) de Hong-Kong. Si dans cette population, le variant confère une augmentation de risque légèrement plus faible que dans les autres cohortes d'origine européenne, 75 % des sujets Han étudiés portent au moins une copie du variant à risque.
Les chercheurs ont estimé que, sur les individus européens, le risque attribuable dans la population (PAR) à ces deux variants est égal à 20 % ; ce qui signifie que sur 1 000 cas de FA, 200 sont attribuables aux deux variants et auraient pu être évités si ces facteurs de risque n'avaient pas été présents. Chez les Chinois Han, seul le premier variant a un PAR de près de 35 %.
Le gène le plus proche de ces deux variants, PITX2, est connu pour jouer un rôle important dans le développement du coeur, précisément dans l'asymétrie droite-gauche. Il représente donc un bon candidat pour la FA.
«Cela constitue une découverte importante d'application clinique immédiate», précise dans un communiqué Kari Stefansson, directeur de deCODE Genetics (Reykjavik, Islande), qui a supervisé cette recherche. «La FA transitoire est difficile à détecter chez de nombreux patients. Il est impossible et trop coûteux de conduire une surveillance cardiaque approfondie chez tous ceux présentant un accident vasculaire cérébralou un accident ischémique transitoire.»
«Grâce à la découverte de ces variants et la disponibilité d'un test de dépistage, les médecins pourront surveiller davantage les patients à haut risque de FA transitoire et instaurer le traitement approprié… Cette étude est aussi impressionnante dans le sens où cela ne nous a pris que 7mois entre le début de la recherche des variants, la parution, aujourd'hui, des résultats et le lancement du test génétique. Cela atteste clairement de la puissance de nos capacités de découverte des gènes, et de celle de notre groupe de développement des produits.»
Daniel Gudbjartsson et coll. « Nature », 1er juillet 2007, DOI : 10.1038/nature 06007.
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