DE NOTRE CORRESPONDANTE
LE CANCER de la vessie occupe le sixième rang par sa fréquence parmi les cancers. Ainsi en 2007, 67 000 nouveaux cas ont été diagnostiqués aux États-Unis.
Les facteurs de risque les plus importants sont le tabac et l'exposition professionnelle à des carcinogènes chimiques (amines aromatiques). Par ailleurs, la tendance familiale des cancers de la vessie laisse penser qu'il existe une part génétique du risque. Cette composante reposerait, selon les analyses, sur de nombreux gènes, chacun conférant un petit risque. Afin de rechercher des gènes associés au risque de cancer de la vessie, une équipe internationale dirigée par Kari Stefanson (deCODE Genetics, Islande) et Lambertus Kiemeney (université de Nimègue, Pays-Bas) a mené une étude génomique d'association, comparant le génome de patients affectés du cancer de la vessie et celui d'individus non affectés (ou témoins).
L'étude a été réalisée en deux étapes.
La première étape a comparé la fréquence de 300 000 variations (polymorphismes SNP) réparties dans tout le génome, chez environ 1 800 patients et 34 000 témoins provenant de deux séries de cas-témoins, l'une islandaise, l'autre hollandaise.
Dans une deuxième étape de suivi, les dix variations SNP présentant la plus forte association avec le cancer (forte différence de fréquence entre les deux groupes) ont été analysées chez environ 2 100 patients et 3 800 témoins supplémentaires tous d'origine européenne, et provenant de sept autres séries de cas-témoins (Royaume-Uni, Italie, Belgique, Europe de l'Est, Suède, Espagne).
Au final, la plus forte association est observée sur le chromosome 8q24, avec l'allèle T du variant rs9642880.
Cet allèle est situé au voisinage du gène MYC (30 kilobases en amont), qui encode la protéine c-Myc, un régulateur transcriptionnel, dont la dérégulation est connue pour être associée à la croissance maligne.
Risque augmenté d'un facteur 1,5.
Environ 20 % des individus d'origine européenne sont homozygotes pour cet allèle (rs9642880[T]), et leur risque de développer le cancer de la vessie serait 1,5 fois supérieur à celui des individus qui ne portent pas cet allèle. Les individus hétérozygotes auraient, quant à eux, un risque intermédiaire.
Il convient de noter que les chercheurs n'ont trouvé aucune association entre le cancer de la vessie et les quatre variants sur 8q24 qui ont été récemment associés aux cancers de la prostate, du recto-côlon et du sein.
Enfin, une seconde association plus faible a été trouvée sur le chromosome 3q28, avec l'allèle rs710521[A], situé proche du gène TP63.
Des études fonctionnelles sont nécessaires, concluent les chercheurs, pour comprendre comment ces variants affectent la cancérogenèse.
« Nature Genetics », 14 septembre 2008, DOI : 10.1038/ng.229.
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