DE NOTRE CORRESPONDANTE
LA SURPRISE est d'abord venue du patron du centre anticancéreux Léon-Bérard (CLB). Fin janvier, le Pr Thierry Philip annonçait qu'il rejoignait la liste d'union conduite par le socialiste Jean-Jack Queyranne et qui réunit le PC et le MRG, sur laquelle il figure en troisième position. En réalité, l'engagement du cancérologue lyonnais remonte aux dernières élections législatives : il avait alors soutenu l'ancien ministre contre Charles Millon (DLC, Droite libérale chrétienne) qui, faut-il le rappeler, s'était illustré en 1998 par une alliance avec le Front national (FN) afin de conserver son siège de président de la région. Thierry Philip avait prévenu que seule « une menace du FN (lui) ferait franchir le pas de l'engagement politique ».
Santé durable.
A l'instar de son frère Christian, élu conseiller régional UDF en 1986, bras droit de Raymond Barre à la mairie de Lyon et aujourd'hui maire dans le 3e arrondissement et député UMP, Thierry Philip, 54 ans, se lance donc officiellement dans l'arène. Mais à gauche. Aux antipodes des divines promesses préélectorales qui fleurissent de toutes parts, Thierry Philip se dit déterminé à agir et plaide pour le développement d'une « santé durable ». Il précise : « Nous voulons relier la politique d'environnement à la politique de santé, pour aider au développement d'actions pilotes de prévention. »
Plus concrètement, « nous pouvons très bien imaginer que la région paye le Centre international de recherche sur le cancer (Circ) implanté à Lyon, pour sortir des monographies sur les problèmes spécifiques de Rhône-Alpes, par exemple. » Le patron du CLB entend faire démarrer quelques projets, dont la gestation n'en finit plus. Par exemple, le cancéropôle, dont il est question depuis plus de deux ans et demi, et qui, selon lui, n'a pas encore vu la couleur des 15 millions d'euros votés par la région en sa faveur. Un combat identique serait mené pour le projet Etoile (1), né il y a déjà plus de cinq ans : « Les Lyonnais ont toujours peur quand il s'agit de gros investissements, observe Thierry Philip, mais à un moment donné, il faut avoir un peu de culot. » En d'autres termes, le cancérologue propose de faire de la politique « autrement ». Il n'a d'ailleurs pas sa carte au PS : « Je suis de la société civile et je le revendique », écrit-il.
Combats juridiques.
Si la couleur diffère chez les Verts, le souci de lier environnement et santé est également au cœur du programme. En deuxième position sur la liste, derrière Gérard Léras, vient l'écologiste Etienne Tête. Or ce gynécologue-obstétricien de formation, qui n'exerce plus depuis 1993, a aussi créé la surprise, à sa manière : d'abord en démissionnant de son mandat de vice-président au développement durable du Grand Lyon, afin de faire taire la polémique naissante sur le cumul de ses mandats. Ensuite, en annonçant que son parti ne comptait plus laisser le PS lui manger la laine sur le dos et conduirait une liste autonome. Déjà adjoint au maire de Lyon depuis 2001 et conseiller régional, Etienne Tête est sans doute mieux connu par ses combats juridiques que par ses activités médicales. Et notamment par la procédure au terme de laquelle le Conseil d'Etat a annulé, en 1998, l'élection de Charles Millon à la présidence de la région Rhône-Alpes. Pour l'heure, Etienne Tête, 47 ans, se recentre sur une campagne où la santé reste inscrite en filigrane. « La volonté des Verts serait d'intervenir sur la problématique santé environnement, qui reste le parent pauvre de la politique en région », annonce-t-il.
Epidémiologie.
Le porte-parole des Verts souhaiterait, par exemple, « faire une évaluation très précise » des conséquences de la présence des incinérateurs sur la santé de la population. « La région Rhône-Alpes pourrait s'investir dans cette problématique santé-environnement, mais elle ne le fait pas, et, visiblement, ne se donne pas les moyens d'en faire une politique », déplore Etienne Tête. Et de poursuivre : « La région Rhône-Alpes est un immense coffre-fort : l'argent tombe et ressort par une volonté de politique administrative en faveur de gens qui vont agir à notre place. » L'écologiste entend donc changer la donne et faire avancer certains dossiers, comme celui de la lutte contre l'ambroisie, cette plante allergisante qui sévit essentiellement en Rhône-Alpes. « Lors de la mise en place du plan régional de la qualité de l'air (Prqa) , nous avons cité l'ambroisie, rappelle-t-il à bon escient, alors que dans la loi sur l'air, elle ne faisait pas partie des polluants atmosphériques. »
(1) Espace de traitement oncologique par ions légers.
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