Cinéma
« Elle a pris les commandes, je n'avais plus qu'à me laisser guider », avoue admiratif Alain Corneau à propos de Sylvie Testud. Auparavant, le cinéaste avait eu un coup de cur pour le livre d'Amélie Nothomb, d'autant qu'il a toujours été fasciné par le Japon, « le pays où le mystère de l'autre est le plus grand ». D'autres coups de cur nous avaient valu « Nocturne indien » (Antonio Tabucchi) et « Tous les matins du monde » (Pascal Quignard), entre autres.
Adaptation littéraire tournée en quasi huis-clos (dans un immeuble de La Défense), « Stupeur et tremblements » ne donne pas matière à de grandes inventions de mise en scène. Corneau n'a donc qu'a laisser la parole à l'auteur (voix off et dialogues) et l'action à sa comédienne.
De quoi s'agit-il ? Pour ceux qui n'ont pas lu le livre autobiographique de la surdouée Amélie Nothomb, voici : née au Japon, qu'elle a quitté à l'âge de 5 ans et qui continue à la fasciner, une jeune Belge y revient pour un emploi d'un an comme traductrice dans une multinationale ; elle y connaîtra les pires déboires, qu'elle raconte avec un étonnant humour pince-sans-rire. C'est le regard d'une Occidentale sur un monde impénétrable qu'elle désire ardemment pénétrer et qui, malgré la caricature, reste très humain.
Naturellement, cela ne pouvait marcher que par les jeux du langage. Sylvie Testud a appris phonétiquement son texte en japonais et les dialogues fusent dans cette langue, accentuant le caractère étrange et étranger des rites de cette société dans laquelle Amélie fait presque toujours ce qu'il ne faut pas faire.
On savait depuis « Karnaval » en 1999 et bien sûr « les Blessures assassines », en 2000, qui lui a valu un César, que Sylvie Testud est une très bonne actrice. Ici elle se déchaîne, faisant preuve d'une fantaisie et d'une vivacité que ses précédents rôles ne lui avaient pas permis d'exprimer.
Alors, on peut pinailler sur la mise en scène, pourtant sans reproche, regretter les limites d'une aventure sans doute anecdotique. Mais impossible de résister à l'allant d'Amélie et Sylvie mêlées. Avec « stupeur et tremblements », c'est la façon dont il faut s'adresser à l'empereur du Japon. Ici, la stupeur est de l'admiration et les tremblements sont ceux du rire.
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