LA MESURE du niveau d'expression de deux protéines impliquées dans la synthèse et la réparation de l'ADN, les protéines RRM1 et ERCC1, semble constituer une nouvelle méthode pronostique fiable pour les patients atteints d'un cancer du poumon non à petites cellules traité à un stade précoce par chirurgie. Les travaux d'une équipe américaine indiquent, en effet, qu'un fort niveau d'expression de ces deux protéines est associé à une survie sans maladie d'une durée médiane supérieure à 120 mois, alors que cette durée est inférieure à 60 mois chez patients exprimant faiblement ces deux marqueurs.
La protéine RRM1 est une sous-unité régulatrice de la ribonucléotide réductase. Diverses études ont montré que son activité est impliquée dans l'inhibition de la progression tumorale. Une augmentation de l'expression du gène codant pour RRM1 inhibe en effet la formation de métastases et le développement de tumeurs pulmonaires induites par des carcinogènes, dans le modèle expérimental de la souris. Des observations similaires ont été faites au sujet de la protéine ERRC1, une protéine qui participe à la réparation des lésions de l'ADN.
Récemment, des données cliniques ont indiqué que ces données obtenues chez l'animal semblaient pouvoir être transposées au cas de patients atteints de cancer pulmonaire non à petites cellules.
Les biopsies de 187 patients.
Pour vérifier cette hypothèse, Zheng et coll. (Tempa, Floride) ont mis au point une méthode immuno-histochimique, simple et automatisée, permettant de quantifier l'expression de RRM1 dans des échantillons de tissu. Cette méthode leur a permis d'étudier les biopsies de 187 patients qui venaient de subir une résection complète d'une tumeur pulmonaire non à petites cellules de stade 1. Ces patients n'ont reçu aucun traitement chimiothérapique adjuvant à l'issue de la chirurgie.
Les patients ont été classés en deux groupes en fonction des résultats de la quantification de RRM1, ceux exprimant fortement la protéine et ceux l'exprimant faiblement. Il est alors apparu une corrélation entre la survie de ces patients et leur statut RRM1. La durée médiane de survie sans maladie des patients exprimant fortement RRM1 est supérieure à 120 mois. Celle de ceux l'exprimant faiblement n'est que de 54,5 mois.
Les chercheurs ont poursuivi leurs travaux en quantifiant chez 184 des mêmes patients le niveaux de la protéine ERRC1. L'expérience a de nouveau montré une association entre une élévation du niveau de la protéine mesurée et la survie sans maladie des patients. Zheng et coll. ont classé les patients en quatre groupes : ceux exprimant fortement les deux marqueurs (groupe 1, n = 55), ceux les exprimant faiblement (groupe 2, n = 54), ceux exprimant fortement RRM1 mais faiblement ERRC1 (groupe 3, n = 38) et, enfin, ceux exprimant faiblement RRM1 mais fortement ERRC1 (groupe 4, n = 7). Cette classification a révélé que si la survie des patients du groupe 1 est supérieure à dix ans (en valeur médiane), celle des patients de trois autres groupes est toujours inférieure à cinq ans (en valeur médiane).
Des données très récentes suggérant par ailleurs qu'un haut niveau d'expression de RRM1 et ERRC1 est associé à une résistance aux traitements par gemcitabine et platinum, Zheng et coll. suggèrent que leur méthode de quantification de ces deux protéines pourrait faciliter la prise en charge des patients atteints d'un cancer non à petites cellules. Apriori, les malades montrant un niveau élevé des deux protéines sont non seulement des patients qui répondront mal à la chimiothérapie, mais ils sont aussi ceux qui ont la meilleure espérance de vie sans traitement adjuvant.
Zheng Z et coll. « New England Journal of Medicine » du 22 février 2007.
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