CERTAINS polymorphismes des gènes codant pour le facteur V et la prothrombine seraient associés à une augmentation modérée du risque de maladie coronarienne. Une métaanalyse conduite par une équipe britannique vient de démontrer que les porteurs de l’allèle G1691A du gène du facteur V (mutation de Leiden) ont un risque d’infarctus du myocarde multiplié par 1,22 par rapport à la population générale. De même, Ye et coll. ont pu établir que l’allèle G20210A de la prothrombine est associé à un risque relatif de maladie coronarienne d’environ 1,31. Ces découvertes pourraient ouvrir de nouvelles pistes pour la mise au point de thérapies. Les chercheurs imaginent notamment que l’utilisation de molécules ciblant le facteur V plasmatique pourrait conduire à la réduction des thrombophilies associées à la mutation de Leiden et faciliter ainsi le maintien de l’hémostase.
Plusieurs polymorphismes génétiques associés à une augmentation importante du risque thromboembolique veineux ont été décrits au cours des dernières années. Un des mieux caractérisés est, certainement, le polymorphisme G1691A du gène codant pour le facteur V, également connu sous le nom de mutation de Leiden. Cette mutation entraîne une augmentation de la résistance de la protéine C activée. Elle multiplie le risque de thromboembolie veineux par trois chez les porteurs hétérozygotes et par dix chez les homozygotes.
L’effet de ce variant sur le risque de maladie coronarienne est, en revanche, encore assez mal connu. Plusieurs études ont tenté d’élucider la question, mais toutes ont conduit à l’obtention de résultats non conclusifs et/ou très contestés. Ces études partageaient toutes le même défaut : elles se fondaient sur l’étude de cohortes de taille trop modeste pour que l’effet d’une mutation aussi rare que celle de Leiden puisse être observé (la mutation de Leiden n’est retrouvée que chez 3 % des personnes d’origine caucasienne).
C’est dans ce contexte que Ye et coll. ont décidé de conduire une métaanalyse visant à évaluer l’effet de divers polymorphismes sur le risque de maladie coronarienne. Les variants étudiés avaient tous un effet établi sur l’hémostase, soit au niveau des mécanismes de la coagulation (mutation G1691A du gène du facteur V, mutation G10976A du gène du facteur VII et mutation G20210A du gène de la prothrombine), soit sur ceux de la fibrinolyse (variant de PAI-1), soit, enfin, sur la fonction des récepteurs GP (variants des récepteurs GPIa, GPIb et GPIIIa).
Pour évaluer l’effet de ces variants, les chercheurs ont utilisé des données se rapportant à 66 155 cas et à 91 307 témoins (dont au moins 5 000 cas et 5 000 témoins pour chacun des variants étudiés). Ces données sont issues de 191 études menées indépendamment les unes des autres.
Risque relatif d’infarctus du myocarde de 1,22.
Alors que les précédentes études conduites sur l’effet de la mutation de Leiden sur le risque de maladie coronarienne n’avaient pas permis d’obtenir de résultats significatifs, le travail de Ye et coll., qui se fonde sur environ cinq fois plus de cas, indique que la mutation a un effet modéré, mais avéré, sur le risque d’infarctus du myocarde (risque relatif de 1,22). De même, en fondant leur analyse sur un nombre de cas trois fois supérieur aux précédentes analyses, Ye et coll. ont pu établir que le variant G20210G de la prothrombine augmente le risque de maladie coronarienne. En revanche, les cinq autres polymorphismes étudiés ne semblent pas avoir d’effet significatif sur ce risque.
Z. Ye et coll., « The Lancet » du 25 février 2006, 651-658.
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