EN ALLEMAGNE, les patients « ordinaires » attendent-ils trois fois plus longtemps pour obtenir un rendez-vous chez un spécialiste que ceux qui possèdent une assurance privée ? C'est ce qu'affirme un institut de santé publique qui a « testé » près de 200 spécialistes de la région de Cologne. Les médecins, toutefois, contestent vivement la méthode et les résultats de cette étude.
A l'initiative de l'institut d'économie de la santé et d'épidémiologie de Cologne, des « testeurs » ont appelé 189 spécialistes pour leur demander, selon le cas, une gastroscopie, un test allergo-respiratoire, un examen de la vue, un test auditif et une IRM du genou. Selon qu'ils se présentaient comme des assurés dépendant de l'assurance obligatoire (c'est le cas de plus de 75 % des patients) ou disposant d'une assurance privée (qui garantit aussi des honoraires supérieurs au médecin), le rendez-vous était fixé avec des délais variant de 12 à 36 jours pour les gastroscopies ou de 2 à 6 jours pour les examens auditifs.
Cette étude, publiée mardi par toute la presse allemande, a été l'occasion pour un certain nombre de responsables politiques de fustiger «les médecins qui soignent en priorité les assurés qui paient plus cher» et de dénoncer «une médecine à deux vitesses».
L'Ordre et les syndicats médicaux, eux, ont réagi vivement à ces accusations qu'ils jugent «perfides» : ils rappellent qu'effectivement les enveloppes budgétaires trimestrielles allouées aux médecins par les différentes caisses ne sont pas les mêmes, selon que les caisses sont publiques ou privées. Les budgets publics étant plus vite épuisés que les autres, les médecins doivent souvent «reporter» des malades sur le trimestre suivant car, sans cela, ils travailleraient gratuitement, voire feraient l'objet de sanctions. «Ce n'est donc pas pour gagner plus d'argent, mais tout simplement pour respecter les enveloppes que nous imposent les caisses que nous devons, hors urgence, bien sûr, étaler ainsi nos rendez-vous», rappellent-ils. Pour eux, ce sont les caisses et le gouvernement qui ont favorisé l'avènement de cette «médecine à deux vitesses», mais il est beaucoup plus facile d'en faire porter le chapeau aux médecins, expliquent-ils.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature