De notre correspondante
à New York
La myéloperoxydase et la glutathione peroxydase, « nouveaux marqueurs de risque fournissent des indices intéressants sur la physiopathologie de la maladie coronarienne », commente le Dr Teri Manolio, du National Heart Lung and Blood Institute (NIH, Bethesda), dans le « New England Journal of Medicine ». « En attendant de connaître leurs réelles implications cliniques pour le traitement des patients, ils seront utiles pour identifier les patients à risque, qui pourraient bénéficier d'un traitement agressif des autres facteurs de risque. »
Une meilleure compréhension du rôle majeur joué par l'inflammation dans la pathogenèse de l'athérosclérose et de l'importance de la rupture de la plaque athéroscléreuse dans la survenue des événements coronariens a permis d'identifier une liste croissante de marqueurs d'inflammation et du risque coronarien.
Rappelons que l'inflammation est liée à tous les stades du développement de la plaque athéroscléreuse, depuis le dépôt initial des lipides à la rupture de plaque. Les principaux facteurs de risque d'athérogenèse - tabagisme, hypertension, lipoprotéines athérogènes et hyperglycémie - produisent des stimuli nocifs qui déclenchent la sécrétion de molécules d'adhésion des leucocytes, facilitant la liaison des monocytes à l'endothélium et la sécrétion de facteurs chimiotactiques qui encouragent la migration des monocytes dans l'intima. Ces monocytes se transforment en macrophages qui se gavent de cholestérol et forment la plaque. Les LDL oxydés pourraient contribuer à la perte par apoptose des cellules musculaires lisses, fragilisant ainsi la plaque.
Myéloperoxydase en cas de douleur thoracique
Brennan et coll. (Cleveland Clinic Foundation, OH) ont étudié la valeur pronostique de la myéloperoxydase en cas de douleur thoracique. Cette enzyme oxydante est libérée par les leucocytes actifs, elle est élevée, active dans les plaques vulnérables et pourrait contribuer au développement de la plaque et à sa rupture.
Leur étude porte sur 604 patients consécutifs se présentant aux urgences pour une douleur thoracique. Les résultats montrent que le taux plasmatique de myéloperoxydase prédit indépendamment le risque d'infarctus du myocarde (IM), de revascularisation ou de décès, dans les trente jours et les six mois suivants, et même en l'absence de nécrose myocardique (troponine T négative).
« Cela suggère que la myéloperoxydase peut servir de marqueur de vulnérabilité de plaque et peut être utilisée pour identifier les patients posant un risque imminent de complications cardiaques majeures, indépendamment de signes de nécrose myocardique », notent les investigateurs. Ils recommandent aussi d'étudier les bénéfices potentiels de l'inhibition de la myéloperoxydase.
Blankenberg (université de Mainz, Allemagne) et coll., groupe multicentrique de l'étude Athérogène, ont évalué la valeur prédictive de deux enzymes cellulaires antioxydantes - la glutathione peroxydase 1 et la superoxyde dismutase. Des données in vitro et chez l'animal ont suggéré que ces enzymes pourraient protéger contre l'athérosclérose.
Leur étude prospective porte sur 636 patients ayant une maladie coronarienne (confirmée par angiographie), suivis en moyenne pendant près de cinq ans.
Maladie coronarienne et glutathione peroxydase 1
L'étude montre que, chez ces patients, l'activité de la glutathione peroxydase 1 dans les globules rouges est inversement associée au risque d'événements cardio-vasculaires (IM fatal ou non), indépendamment des autres facteurs de risque. Cette mesure pourrait être utile, proposent les chercheurs, pour identifier les patients qui pourraient bénéficier d'un traitement antioxydant préventif.
Ces deux marqueurs sont donc prometteurs. Comme le souligne le Dr Teri Manolio, chacun de ces deux marqueurs est responsable d'une grande proportion du risque d'événements cardio-vasculaires ; tous deux sont associés à un risque multiplié par 2 ou 3 à des taux présents chez 25 % des patients. Les tests ne sont pas encore disponibles cliniquement pour ces deux facteurs.
« New England Journal of Medicine » du 23 octobre 2003, pp. 1595, 1605 et 1587.
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