L'ÉQUIPE internationale a génotypé environ 15 000 variations d'ADN codantes (SNPs non synonymes) réparties à travers le génome et 900 marqueurs SNP du complexe majeur d'histocompatibilité (CMH) chez 1 000 patients affectés de spondylarthrite ankylosante, 1 000 patients affectés de maladie de Basedow, 1 000 patients de sclérose en plaques et 1 000 de cancer du sein.
Les chercheurs ont ensuite comparé ces résultats à ceux d'une base de données commune, dérivée de 1 500 individus britanniques en bonne santé, sélectionnés au hasard.
Ce travail sur les SNPs non synonymes a permis d'identifier (et de valider) l'association de deux nouveaux gènes – IL23R et ARTS1 – avec la spondylarthrite ankylosante, le deuxième grand rhumatisme inflammatoire chronique par sa fréquence et sa gravité.
Cette étude a confirmé également l'association de deux gènes – TSHR et FCRL3 – avec la maladie de Basedow.
De plus, les plus fortes associations observées dans l'étude sont celles trouvées entre les SNP de la région du CMH et les trois maladies auto-immunes étudiées (SA, maladie de Basedow et sclérose en plaques).
Aucune association du CMH n'a été observée avec le cancer du sein.
Un risque de 25 %.
Comme le précise au « Quotidien » le Dr Lon Cardon (Fred Hutchinson Cancer Research Center, Seattle, Etats-Unis), «nous avons découvert deux gènes, IL23R et ARTS1, qui influencent la susceptibilité à la spondylarthrite ankylosante, une maladie débilitante qui affecte 1homme sur 200 et une femme sur 500 dans les populations d'Europe de l'Ouest. Considérés conjointement avec le gène précédemment connu pour la SA (HLA-B27), les individus portant ces trois variants génétiques auraient 25% de risque de développer la spondylarthrite ankylosante», estime-t-il.
Le prochain défi sera de mener des études fonctionnelles qui pourront révéler comment ces variations génétiques se traduisent en processus physiologiques influençant le risque de maladie.
«Nous projetons de conduire des travaux sur des modèles animaux pour mieux comprendre comment ces gènes contribuent à la maladie. Par ailleurs, cette première étude se concentrait uniquement sur des régions génétiques ciblées du génome humain, et nous explorons maintenant à fond le génome pour découvrir d'autres gènes de susceptibilité.»
Spondylarthrite, Crohn et psoriasis.
«L'un des résultats les plus intéressants concerne l'IL23R, un gène qui est aussi connu pour contribuer à la maladie de Crohn (maladie inflammatoire de l'intestin) et au psoriasis. Cliniquement, ces maladies ont tendance à survenir ensemble; les personnes présentant une maladie de Crohn ont aussi tendance à développer une spondylarthrite ankylosante et un psoriasis», fait observer le Dr Cardon. «Le gène IL23R procure un lien génétique qui jette une nouvelle lumière sur leur apparition simultanée. Nous savions déjà que l'IL23R est impliqué dans l'inflammation, mais personne n'avait imaginé qu'il était impliqué dans la spondylarthrite ankylosante», ajoute le Dr Matthew Brown (WTCCC, université d'Oxford, Royaume-Uni) qui a codirigé l'étude.
«Un traitement inhibant l'activité du gène IL23R est déjà en cours d'essais cliniques dans la maladie de Crohn et ce médicament se montre aussi très prometteur en tant que traitement potentiel pour la spondylarthrite ankylosante», laisse-t-il entrevoir.
Nature Genetics, 21 octobre 2007, WTCCC, DOI: 10.1038/ng.2007.17.
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