Le Dr Jacques Sibireff, responsable d'un centre de soins pour l'alcoolisme, le Pr Xavier Lecoutour du CHU caennais et Franck Lepargneur viennent d'alerter l'Ordre des médecins et l'Agence française sanitaire des produits de santé sur l'existence d'un marché noir et d'un usage du Subutex (buprénorphine) par injection.
« Nous avons affaire à des gens accros à un morphinique distribué par des médecins », à moins qu'il ne faille appeler ces derniers des « dealers d'un produit morphinique », remarque le Dr Sibireff qui a constaté dans sa pratique « les dégâts » de l'utilisation détournée de la buprénorphine haut dosage. « Il y a des gens qui se l'injectent en faisant fondre au préalable les comprimés », explique-t-il. Le généraliste estime que 30 % des toxicomanes concernés procèdent de la sorte.
Dans une étude de la direction générale de la Santé qui sera rendue publique en juin, les autorités sanitaires ne négligent pas les « mésusages » de la buprénorphine haut dosage, qu'elles évaluent à 15 % de l'ensemble des prescriptions, sous forme de trafic et d'usages détournés, le produit pouvant être injecté mais également « sniffé » et fumé. « Certains, poursuit le Dr Sibireff, multiplient dans la même journée les visites chez différents docteurs et pharmaciens pour se fournir et parfois revendre le Subutex au marché noir. Chaque boîte coûte 24 euros pièce, remboursés par laSécu. Au lieu de la dose de 8 mg par jour,certains consommeraient 20, 25, voire 30 mg, et même plus. » Aussi, conclut le praticien, « comme pour la méthadone, pour laquelle il y a un protocole, il faut absolument que les gens auxquels on prescrit du Subutex soient suivis ».
Cependant, un rapport sur le sujet, remis à Bernard Kouchner le mois dernier (« le Quotidien » du 29 mars), souligne la réussite des traitements de substitution. A ce jour, sur 150 000 à 180 000 « toxicomanes à problèmes », usagers d'héroïne principalement et de cocaïne, 80 000 prennent du Subutex, 12 500 de la méthadone et de 2 500 des sulfates de morphine.
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