LA PRÉSENCE de deux protéines, encore inconnues, sur des biopsies de cancer du sein, pourrait révéler le risque de dissémination ganglionnaire. Dès lors, explique Dave S. B. Hoon et coll. (Santa Monica, Californie), les patientes à risque de métastases pourraient être dépistées plus précocement. Le travail qui est parvenu à cette conclusion, publié dans « Cancer Research », a été mené chez 65 femmes atteintes d’un cancer invasif du sein. Toutes avaient été opérées, subi une biopsie du ganglion sentinelle et/ou d’autres ganglions. L’étude a été menée en aveugle.
Chez 24 patientes (37 %), une atteinte ganglionnaire a été mise en évidence et les 41 autres (63 %) étaient indemnes. Pour prédire l’envahissement ganglionnaire, les investigateurs ont utilisé une puce à protéines. Elle devait permettre d’identifier les marqueurs biologiques qui diffèrent entre les tumeurs à risque de dissémination ganglionnaire et les autres.
Une efficacité de 88 %.
A l’analyse, deux pics protéiques ont pu être associés à l’envahissement ganglionnaire. Il s’agissait de la sur-expression d’une protéine de 4 871 Da et de la sous-expression d’une autre de 8 596 Da. Ces marqueurs ont montré une efficacité de 88 % dans le cadre du dépistage. L’équipe de D. Hoon a même constaté que les patientes porteuses d’au moins deux ganglions atteints avaient plus souvent une surexpression de la protéine de 4 871 Da, par rapport à celles indemnes d’atteinte lymphatique. Ce même pic a semblé prédire également un pronostic péjoratif lorsque qu’au moins 4 ganglions étaient envahis.
Les deux protéines n’ont pu être encore identifiées. Toutefois les Américains ont cherché dans des bibliothèques de protéines. Ils supposent que la protéine de 4 871 Da pourrait être la thymosine bêta-10, un peptide connu pour son rôle dans la différenciation cellulaire et les croissances cellulaires non contrôlées. Quant à la protéine de 8 596 Da, il pourrait s’agir d’une ubiquitine associée à un bon pronostic dans les cancers mammaires sans atteinte ganglionnaire.
L’intérêt de ces deux marqueurs se fonde sur une utilisation systématique au moment du diagnostic. Leur mise en évidence sur l’échantillon biopsié pourrait éviter à la patiente des traitements invasifs, dont une réintervention pour ablation de ganglions. A l’inverse, ces marqueurs permettraient aussi de traiter d’emblée de façon plus agressive celles à risque majoré.
Prudemment les chercheurs précisent qu’aucune conclusion formelle ne pourra être tirée tant que ces protéines n’auront pas été identifiées et leur intérêt validé par des études de plus grande envergure.
La micro-atteinte d’un ganglion sentinelle ne signe pas toujours l’évolution vers une affection métastasante. Outre l’ablation de la tumeur primitive, celle des ganglions ne signifie pas forcément l’absence de rechute. Et parfois l’ablation ganglionnaire n’a aucune influence sur une dissémination qui a débuté avant même l’intervention chirurgicale.
« Cancer Research », 15 décembre 2006.
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