EXCEPTIONNELLEMENT, le prix Epidaure du jeune chercheur a été décerné à deux lauréats, que le jury n'a pu départager et qui recevront chacun un chèque de 4 000 euros (dotés par Veolia Environnement) pour la poursuite de leurs travaux. Ces travaux se réfèrent à deux approches bien différentes, qui, toutes deux, tiennent à coeur à Veolia Environnement, comme l'a précisé le Dr Bruno de Buzonnière, son directeur scientifique : «L'une cherche à mieux comprendre les liens entre environnement et santé, l'autre vise à évaluer de façon quasi expérimentale une intervention; deux approches que nous entendons développer et promouvoir dans le souci de maintenir une santé durable.»
Le Dr Basile Chaix (CR2-INSERM 707 Epidémiologie, systèmes d'information, modélisation, faculté de médecine Saint-Antoine, Paris) a étudié les répercussions des interactions sociales au sein du quartier de vie sur le risque coronaire à travers sa participation au projet RECORD (Residential Environment and CORonary heart Disease).
Sept mille personnes âgées de 30 à 79 ans ont été recrutées pour RECORD lors d'examens de santé réalisés dans quatre centres d'examen, drainant des populations très contrastées quant à leur profil socio-économique et leur degré d'urbanisation. Un très grand nombre de données ont été recueillies : paramètres cliniques et biologiques, comportements de santé, modes de vie, caractéristiques socio-économiques, vécu des personnes au sein du quartier, etc. Par ailleurs, grâce à la localisation géographique des participants, un grand nombre d'informations relatives à l'environnement local de résidence seront intégrées à la base de données. Enfin, les participants seront suivis au cours du temps au moins au travers des registres nationaux de morbidité et de mortalité. Le projet RECORD devrait permettre : de mieux décrire les disparités d'incidence de troubles coronaires et de prévalence de leurs facteurs de risque existant entre quartiers pauvres et quartiers plus favorisés d'Ile-de-France ; d'analyser les caractéristiques de l'environnement construit, des services favorisant un mode de vie actif, de l'alimentation et des interactions sociales à l'origine des disparités entre quartiers ; et d'étudier les mécanismes qui sous-tendent ces effets de l'environnement en tenant compte des expériences vécues au sein du quartier.
«Le thème de recherche du DrBasile Chaix est de première importance, a souligné Michel Jouan, membre du jury et rapporteur du dossier. La compréhension des mécanismes d'influence du milieu de résidence sur la maladie coronaire devrait permettre de proposer des actions de santé publique ciblées et efficaces.» En attribuant le prix Epidaure du jeune chercheur à Basile Chaix, le jury a souhaité récompenser une approche originale, peu abordée, qui combine épidémiologie environnementale, sciences sociales et psychologie environnementale.
Démonstration expérimentale.
Le deuxième lauréat du volet Jeune Chercheur, le Dr Thomas Bénet, est interne en médecine en santé publique (service du Pr Philippe Vanhems, hôpital Edouard-Herriot, Lyon) et a déjà à son actif plusieurs publications sur les maladies infectieuses et nosocomiales dans des revues internationales. Son étude a porté sur l'impact de la délocalisation d'une unité de soins intensifs hématologiques sur l'incidence des aspergilloses invasives, problème majeur chez les patients immunodéprimés. Elle est le fruit d'une collaboration étroite entre le service d'hématologie de l'hôpital Edouard-Herriot (Pr Mauricette Michallet et Dr Anne Thiébaut), le service de parasitologie des Hospices civils de Lyon (Dr Marie-Antoinette Piens) et le service d'hygiène, épidémiologie et prévention d'Edouard-Herriot, dont la thématique « risque aspergillaire » est coordonnée par le Dr Marie-Christine Nicolle. L'originalité de ce travail est d'avoir inclus un groupe contrôle (8 chambres avec ventilation à flux laminaire) et un groupe intervention (unité délocalisée du bâtiment principal vers une construction modulaire attenante, où toutes les chambres étaient équipées de ventilation à pression positive). Dans l'unité délocalisée, l'incidence des aspergilloses invasives est passée de 13,2 % (9 patients) avant délocalisation à 1,6 % (1 patient) après délocalisation (p = 0,018). L'incidence dans le groupe contrôle n'a pas changé ; elle était de 4,7 % dans l'évaluation prétest et de 5,% au post-test (p = 0,90).
«Le mérite de ce travail porte sur sa méthodologie, qui a permis de faire une démonstration quasi expérimentale de l'intérêt de chambres modulaires équipées de ventilation à pression positive sur l'incidence des aspergilloses, a souligné le Dr Catherine Grillot-Courvalin, membre du jury et rapporteur de ce dossier. Nous avons besoin de telles études pour élaborer des recommandations proposant des mesures capables d'améliorer la prévention des infections nosocomiales chez les patients à haut risque.»
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