Un partenariat de recherche entre deux équipes de chercheurs spécialisés dans le domaine de l'hypertension - celle du Dr Richard Lifton (institut Howard-Hugues, Yale) et celle du Dr Xavier Jeunemaitre (unité INSERM 36 « pathologie vasculaire et rénale », dirigée par le Pr Pierre Corvol) - a permis l'identification de deux gènes responsables d'une forme héréditaire rare d'hypertension artérielle.
Dans un premier temps, ces deux équipes ont mis en commun des données recueillies auprès de 9 familles atteintes de pseudohypoaldostéronisme de type II. A l'aide d'outils de biologie moléculaire, les chercheurs ont montré l'existence dans ces familles de mutations sur deux gènes distincts entraînant des troubles communs au PHA II et à l'hypertension artérielle commune (concentration élevée en sodium et en chlore, acidité accrue au niveau des cellules rénales). Les mutations des deux gènes en question - wnk1 sur le chromosome 12 et wnk2 sur le chromosome 17 - entraînent une surexpression de deux protéines : WNK1 et WNK4 de la famille des kinases. Celles-ci s'expriment en majorité au niveau du néphron distal, où s'opère le maintien des flux en potassium, sodium et chlore et où s'effectue le contrôle de l'acidité interne des cellules du rein par le biais de la concentration en ions H+.
Accroissement de l'activité de transport
Sur le gène wnk1, les mutations repérées (des délétions) provoquent une surexpression de la protéine kinase WNK1 dans le rein, ce qui se traduit par un accroissement de l'activité de transport des sels de sodium et de chlore vers l'intérieur de la cellule rénale, couplée à une diminution de l'excrétion des ions potassium et H+ hors de la cellule.
Le gène wnk 4, localisé sur le chromosome 17 est, quant à lui, affecté par des mutations faux-sens. Comme pour le gène wnk1, ces mutations pourraient induire une augmentation de la concentration de la protéine kinase WNK4 et perturber sa localisation, cellulaire normale.
Les deux équipes de chercheurs vont tenter de préciser si ces deux kinases agissent directement sur les transporteurs d'ions, en les modifiant chimiquement (phosphorylation), ou si elles interviennent de manière indirecte, par l'activation d'autres molécules. D'ores et déjà, ces résultats permettent d'envisager le recours à des inhibiteurs spécifiques de kinases dans le cadre du traitement du PHA II.
« Science », 10 août 2001.
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