CLASSIQUE
« Les Noces de Figaro » sont de tradition à Glyndebourne. La première de cette reprise marquait la 455e représentation de l'uvre sur cette scène. Mise en scène en 2000 par Graham Vick au sein d'une trilogie des opéras de Mozart et Da Ponte dont elle était la meilleure réussite (« le Quotidien du Médecin » du 24 août 2000). C'est désormais Daniel Farncombe qui en assure la régie.
Bien que très soignée comme toujours à Glyndebourne, la distribution comportait une erreur patente de casting avec le Chérubin de Linda Tuvas si peu conforme au type et à la couleur vocale du rôle et bien peu crédible scéniquement. Ruth Ziesak chante une Comtesse vocalement un peu atypique, mais qui ne manque ni de charme ni d'expression. Mariusz Kwiecien a mûri sa conception du Comte depuis le festival 2000 et son approche vocale comme son jeu très direct en font un magnifique personnage. Très bon couple Figaro-Susanne avec Sarah Fox et Christopher Maltman. Cependant pour tous, une petite réserve est à faire sur le style du recitative secco, pas toujours très respecté.
Très bien distribués aussi, les seconds rôles étaient excellents, particulièrement la Marceline de Diana Montagu et la Barbarine de Claire Ormshaw.
Dirigé par Mark Wigglesworth avec beaucoup d'entrain, mais aussi une tendance à couvrir les chanteurs, le London Philharmonic Orchestra a donné de ces « Noces » une interprétation somptueuse tant dans les ensembles que les individualités.
Entre Gustav Klimt et le Docteur Freud
Après Wagner, plus tôt dans la saison, c'est l'opérette viennoise qui faisait ses débuts dans ce festival avec une autre espèce de « folle journée », celle de « la Chauve-Souris », de Johann Strauss Jr.
Sa réussite tient principalement à la direction du chef russe Vladimir Jurowski, nouveau directeur musical de Glyndebourne. Il en a tenu les rênes avec une main ferme et inspirée, aussi bien pour faire aller valses et galops, équilibrer les ensembles que pour faire tourner les têtes. Depuis les prémices frissonnantes de l'ouverture jusqu'à l'hypnotique Brüderlein und Schwesterlein prolongé par un Duidu enivrant, climax de la partition, le chef, à la tête du magnifique London Philharmonic, n'a pas fléchi une seconde et si le troisième acte retombe un peu comme un soufflé raté, ce n'est que de la seule faute de la partition. Stephen Lawless a situé l'action quelque part entre Gustav Klimt et le Docteur Freud (dont Falke s'était fait le visage) plutôt que dans la Vienne Biedermeier de François-Joseph. Grâce au décor unique tournant, monumental et astucieux, clairement inspiré de Josef Hoffmann, de Benoit Dugardyn, on passe d'un lieu à l'autre sans coupure et la surface contenue par l'escalier monumental laisse un espace considérable, une véritable cage dorée en attendant la vraie prison, pour la salle du bal du prince Orlofsky.
Lawless a joué sur la longueur avec des dialogues complets, un peu adaptés pour donner au surtitrage anglais une connotation très sexuelle et ambiguë et le ballet très bien réglé par Nicola Bowie, contenant une inénarrable parodie cancan du numéro des quatre petits cygnes du « Lac ». Au long monologue de Frosch, le gardien ivrogne de la prison, on a substitué un hilarant topo sur les mérites respectifs du champagne et du vin gris déclamé à rideau fermé avec force allusions au festival par le comédien comique allemand Udo Samel. L'esprit « d'apocalypse joyeuse » qu'y voyait Hermann Broch et une analyse déjà freudienne (patente au troisième acte) de cette société dansant sur le volcan, étaient omniprésents dans cette superbe réalisation.
Même si la distribution était un peu déséquilibrée au profit des hommes, on avait apporté à la composer le même soin que pour un opéra de Mozart et l'esprit d'équipe en était le mot d'ordre.
Si le Prince, option mezzo, un peu trop barytonant de Malena Ernman était plus bisexué qu'asexué, l'Adéle de Lyubov Petrova et la Rosalinde de Pamela Armstrong avaient belle allure. L'Eisenstein, option baryton, très autoritaire de Thomas Allen et le Dr Falke cynique à souhait de Hakan Hagegard (autrefois le Papageno du film de Bergman) étaient très efficaces dramatiquement.
Très bien accueillie par un public festivalier désormais assez international et aussi abreuvé de champagne à l'entracte que les invités d'Orlofsky, cette Fledermaus effaçait pour un soir à Glyndebourne les limites entre parc, scène, fosse et salle : le théâtre entier était à la fête !
Glyndebourne Festival Opera (00.44.1273.813813). Site Internet : www.glyndebourne.com. « La Chauve-Souris », jusqu'au 30 août ; « Theodora », de Haendel, jusqu'au 31 août. La prochaine saison 2003 affichera une nouvelle production de « la Flûte enchantée », de Mozart, et un nouveau spectacle comportant « Gianni Schicchi », de Puccini, et « le Chevalier avare », de Rachmaninov. Quatre reprises seront à l'affiche : « Jenufa », de Janácek, « Pelléas et Mélisande », de Debussy, « Rodelinda », de Haendel, et « Carmen », de Bizet.
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