NATURELLEMENT enthousiaste, Nicolas Sarkozy devient très optimiste dès qu'il remporte un succès. L'accueil que lui a réservé Israël lui donne des ailes. Il est vrai que, pour sa part, il a prononcé devant la Knesset un discours qui, dans sa première partie, a été un éloge extraordinaire du peuple juif et de son apport à la civilisation judéo-chrétienne. Les Israéliens et les juifs de la Diaspora ne risquaient pas d'être insensibles à des mots comme : «Que serait le monde sans Spinoza, sans Freud, sans Einstein?»
Tony Blair devancé.
Ce témoignage sincèrement admiratif lui a permis d'insister ensuite sur les nécessaires concessions territoriales qu'Israël doit faire aux Palestiniens. À Jérusalem, les dirigeants ont approuvé l'idée d'une intervention plus ferme de l'Union européenne dans le dossier ; ils estiment en effet que, sous la présidence française, l'Europe est moins susceptible d'être partiale en faveur des Palestiniens. Ils constatent d'ailleurs que même George Bush leur a demandé avec impatience de mettre un point final à la colonisation. Ils sont sensibles au rôle que l'Égypte a joué dans le cessez-le-feu avec le Hamas. Ils ont pris langue avec le président syrien au sujet du Golan. Il y a donc un faisceau de signes qui leur permet de penser que, en dépit de la menace iranienne, ils peuvent enfin parvenir à l'objectif d'Yitzhak Rabin : donner un territoire à l'État palestinien pour obtenir la paix.
Sur le plan formel, l'Europe est engagée au sein de ce qu'on appelle le quartet formé par l'ONU, les États-Unis, la Russie et l'UE. Le quartet est censé favoriser la progression vers la paix et la création d'un État palestinien. L'ancien Premier ministre britannique Tony Blair le représente. Jusqu'à présent, la diplomatie personnelle de M. Blair ne semble pas avoir produit le moindre résultat, alors qu'en deux jours Nicolas Sarkozy a à la fois rassuré les Israéliens et démontré que l'État palestinien est devenu une option universelle : personne ne conteste désormais, en dehors de la droite israélienne la plus dure, qu'il puisse y avoir d'autre issue à la crise israélo-arabe.
On ne peut donc pas négliger les chances de la présidence française de l'Europe de parvenir à un résultat sous prétexte que le dossier est infiniment ardu. Même s'il est peu probable qu'un accord soit conclu avant la fin de l'année, comme M. Bush l'avait promis en se trompant une fois encore, des progrès sensibles pourraient être accomplis, pas seulement parce qu'on peut compter sur le fébrile activisme de M. Sarkozy, mais parce qu'il y a une convergence des analyses arabe, européenne, américaine et israélienne sur la nécessité de couper l'herbe sous le pied des extrémistes : si les efforts diplomatiques n'aboutissent pas, l'Iran, le Hamas, le Hezbollah et tous les mouvements terroristes trouveront une justification à leur politique de violence.
UNE OCCASION UNIQUE POUR L'EUROPE DE RESOUDRE LA CRISE ISRAELO-PALESTINIENNE
On notera d'ailleurs que la diplomatie française s'exerce, depuis quelques semaines, dans plusieurs directions : M. Sarkozy s'est rendu récemment au Liban pour consacrer l'accord de Doha ; c'était une façon de dire que la France soutient les accords diplomatiques qui mettent un terme à la violence. Le Hezbollah a quitté les rues de Beyrouth et un président libanais a été enfin élu.
Une démarche cohérente.
Certes, l'invitation lancée à Bachar al-Assad, président syrien, pour participer le 13 juillet à la réunion de lancement de l'Union pour la Méditerranée et assister ensuite au défilé du 14-Juillet a scandalisé les chrétiens et les sunnites du Liban. Mais la démarche de Nicolas Sarkozy est cohérente : on ne renforcera pas la paix au Liban, on n'arrachera pas la Syrie à la néfaste influence iranienne, on ne détournera pas Damas de sa politique actuelle de nuisance si on ne traite pas avec les dirigeants syriens et si, en définitive, on ne leur donne pas ce qu'ils veulent en échange de leur propre pacification, c'est-à-dire le plateau du Golan.
C'est tellement vrai que, par l'intermédiaire de la Turquie, les Israéliens sont en train de s'informer sur les intentions syriennes pour concevoir eux-mêmes l'offre qu'ils pourraient faire à Al-Assad en échange de la paix.
Il existe donc un contexte relativement favorable à une médiation, mieux, à une forte intervention diplomatique de l'Europe. Et M. Sarkozy veut saisir cette occasion. Personne ne lui reprochera d'essayer.
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