UNE ÉTUDE du « Bulletin épidémiologique hebdomadaire » de cette semaine met en évidence quelques spécificités de la mortalité par cancer aux Antilles dans un contexte où la question d'un renforcement de la surveillance dans ces départements est posée. Globalement, les taux de décès par cancer sont moins élevés qu'en métropole et les cancers représentent la deuxième cause de mortalité après les maladies cardio-vasculaires. Pour la période 1998-2002, ils ont été responsables de 574 décès annuels en Guadeloupe et de 580 en Martinique. Chez les hommes, les décès par cancer de la prostate et de l'estomac sont deux fois plus fréquents qu'en métropole. A l'inverse, les cancers colo-rectaux et du poumon y sont trois fois moins fréquents.
Selon les auteurs, la fréquence élevée des décès par cancer de la prostate, première localisation aux Antilles, est vraisemblablement liée aux origines africaines d'une partie de la population, comme tendrait à le montrer des études américaines qui mettent en évidence une plus grande fréquence chez les Noirs américains (255 pour 100 000 habitants, contre 107,8 chez les Blancs américains).
Aucun lien n'a pu être établi avec l'usage intensif d'insecticides organo-fluorés, plus particulièrement le chlordécone. Toutefois, une enquête cas- témoins, Karuprostate, a été mise en place en 2004 afin d'identifier les facteurs de survenue du cancer de la prostate en Guadeloupe. Elle devrait permettre de mieux comprendre les raisons de la fréquence élevée de ces cancers aux Antilles. Le nombre élevé de décès par cancer de l'estomac s'explique, en revanche, par l'importance démontrée des infections par Helicobacter pylori en Guadeloupe.
Chez les femmes, les différences Antilles-métropole sont moins marquées. Les décès par cancer du sein, moins fréquents, sont la première cause de décès par cancer.
Quel que soit le sexe, les taux de décès par cancer du poumon observés aux Antilles sont largement inférieurs à ceux observés en métropole.
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