DEPUIS 1998, les données relatives aux accidents en montagne sont collectées chaque saison d'été par le Snosm (Système national d'observation de la sécurité en montagne, Snosm), organisme basé à l'Ecole nationale de ski et d'alpinisme de Chamonix et placé sous la tutelle du ministère de la Jeunesse, des Sports et de la Vie associative. Comme la baignade et les sports d'eau, les activités sportives de montagne peuvent être à l'origine d'accidents parfois mortels. En moyenne annuelle sur 2002-2003, le nombre de personnes touchées (1 839) n'est pas très éloigné des 1 990 noyades accidentelles.
La grande majorité des accidents dans les Alpes.
Le « BEH » n° 3/2005 dresse un bilan des victimes d'accident ou de malaise recensés dans les 33 départements de montagne, recensées en juin, juillet, août et septembre 2000-2003.
En quatre ans, 410 personnes sont décédées, 6 056 ont été blessées et 890 victimes d'un malaise au cours d'une des activités suivantes : alpinisme, randonnée pédestre, vol libre, canyonisme, vélo tout-terrain (VTT), via ferrata, spéléologie, randonnée en raquette ou à skis. Près des quatre cinquièmes des accidents ont eu lieu dans les Alpes, et plus particulièrement dans le massif du Mont-Blanc, où sont recensés la moitié des effectifs.
Ces résultats constituent une estimation a minima du nombre de victimes. En effet, ne sont comptabilisés que les cas qui ont nécessité l'intervention des services de secours spécialisés de l'Etat (gendarmerie, compagnies républicaines de sécurité et sécurité civile). Le nombre de décès est probablement sous-évalué du fait qu'un certain nombre de malades ou de blessés ont pu décéder après le bilan effectué par les secouristes au moment de l'intervention. Cependant, commentent les auteurs, Brice Lefèvre (Institut national du sport), Bruno Fleury (Snosm) et Alain Monnier (Institut national d'études démographiques) : « Même si les chiffres sur le plan des victimes ne sont pas comparables aux 46 000 victimes relevées chaque année en sports d'hiver par les services spécialisés de secours, les sports de montagne d'été comptent 2,4 fois plus de décédés que les sports d'hiver. »
Alpinisme et randonnée ont regroupé les trois quarts des victimes et plus de huit décès sur dix. Les randonneurs représentent à eux seuls plus de la moitié des victimes (56 %), soit trois fois plus que les alpinistes. Ils ont plus souvent été victimes de malaise, « ce qui explique qu'ils ont représenté 64 % des personnes malades et 91 % des décès non traumatiques ». Les alpinistes, qui sont la deuxième population la plus touchée, occupent cependant la première place pour les décès traumatiques (43 %, contre 35 % pour les randonneurs). Les décès non traumatiques ont peu concerné l'alpinisme (seulement 3 %), bien que la proportion de victimes de malaise soit non négligeable (30 %). Le nombre de décès (traumatiques et non traumatiques) chez les alpinistes est resté stable au cours des années : trente par an, en moyenne, inférieure aux trente-sept enregistrés pour la seule année 2000.
La proportion élevée d'accidents enregistrés chez les randonneurs et les alpinistes tient sans doute aux particularités des deux activités. Leur pratique peut entraîner des malaises, largement imprévus, provoqués par l'effort (défaillance cardiaque) ou l'altitude (mal aigu des montagnes). Ces derniers survenant loin de tout lieu habité et de toute route carrossable nécessitent l'intervention de secours spécialisés. De plus, les randonneurs constituent une population peu sélectionnée, du point de vue de l'âge et des capacités.
Information et prévention.
La part des autres activités est donc modeste. En troisième position, on trouve le vol libre (parapente ou deltaplane) : 573 victimes en quatre ans, dont 34 décès. Le VTT a fait 504 victimes (11 décès), le canyonisme, 360 victimes (12 décès), l'escalade, 239 victimes (11 décès). Les autres activités sont soit marginales ou relativement sûres, comme la via ferrata, qui reste très populaire (3 décès).
Même s'il n'est pas simple de communiquer de façon efficace sur le thème de la prévention, du fait de la difficulté d'évaluer l'importance exacte du phénomène accidentel au cours des sports de montagne d'été (personnes secourues par d'autres moyens), « il est nécessaire de renouveler à l'échelle locale (offices de haute montagne) et au niveau national (campagnes ministérielles) les opérations d'informations et de prévention », concluent les auteurs.
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