JUSQU'A présent, le traitement de choix des hommes présentant des tumeurs non hormonodépendantes de la prostate à un stade avancé reposait sur du mitoxantrone associé à de la prednisone. Or ce traitement actif sur les douleurs et la qualité de vie ne permet pas de prolonger la survie des patients.
Pour cette raison, deux équipes distinctes ont comparé la prise en charge de référence avec deux autres traitements. Les oncologues coordonnés par le Dr Daniel Petrylak (New York) ont choisi d'évaluer l'intérêt d'une chimiothérapie associant de l'estramustine et du docétaxel, alors que l'équipe du Dr Ian Tannock (Toronto) a utilisé du docétaxel associé à de la prednisone.
L'études new-yorkaise a inclus 674 hommes qui ont reçu tous les 21 jours, après tirage au sort, soit 280 mg d'estramustine trois fois par jour pendant cinq jours associé à 60 mg de docétaxel par mètre carré de surface corporelle à J2 et 60 mg de dexaméthasone en trois prises juste avant l'injection de docétaxel (groupe 1) ; soit 12 mg/m2 de mitoxantrone à J1 et 5 mg de prednisone deux fois par jour pendant trois jours (groupe 2).
Le taux de PSA a baissé.
La médiane de survie a été de 17,5 mois dans le groupe 1 et de 15,6 mois dans le groupe 2. Le délai médian de progression s'est établi à 6,3 mois avec le traitement testé, contre 3,2 mois avec le traitement de référence. Les auteurs ont aussi analysé les variations des taux de PSA. Sa valeur a baissé de plus de la moitié chez près de 50 % des patients du groupe 1, contre 27 % dans le groupe 2. Une réponse tumorale au traitement a été obtenue respectivement chez 17 et 11 % des patients. L'incidence des effets indésirables graves (neutropénie de grade III ou IV, nausées, vomissements et événements cardio-vasculaires) s'est révélée plus importante chez les sujets sous docétaxel que chez les témoins. Enfin, l'amélioration de la symptomatologie douloureuse et de la qualité de vie a été considérée comme similaire dans les deux groupes. Pour le Dr Daniel Petrylak, « l'amélioration de deux mois de la médiane de survie devrait inciter à proposer de modifier le traitement des sujets atteints de cancer de la prostate indépendant des androgènes au profit de l'association docétaxel-estramustine ».
Incidence de décès abaissée.
La seconde étude a porté sur 1 006 hommes atteints du même type de cancer. Ils ont reçu après tirage au sort soit du docétaxel associé à de la prednisone (5 mg deux fois par jour), selon deux modalités (75 mg/m2 de surface corporelle toutes les trois semaines pour le groupe 1 ; soit 30 mg/m2 toutes les semaines pendant cinq semaines suivies d'une semaine de repos pour le groupe 2), soit 12 mg/m2 de mitoxantrone toutes les trois semaines. Par rapport au groupe témoin, le groupe des sujets traités par docétaxel toutes les trois semaines a connu une incidence de décès abaissée (risque : 0,76, contre 1 pour les témoins), celle des patients traités de façon hebdomadaire s'est aussi abaissée (0,91 contre 1). La survie médiane s'est établie à 16,5 mois pour les témoins et respectivement à 18,9 et 17,4 mois dans les groupes 1 et 2. Une baisse de plus de 50 % du taux de PSA a été notée chez 22 % des témoins, chez 35 % des sujets du groupe 1 et chez 31 % de ceux du groupe 2. En outre, l'évaluation de l'effet du traitement sur les douleurs et l'utilisation d'échelles de qualité de vie ont montré une supériorité du docétaxel sur le traitement standard. Il convient néanmoins de noter que l'incidence des effets indésirables graves s'est révélée significativement plus élevée chez les sujets traités par docétaxel.
Certes, ces deux publications montrent que le docétaxel associé à l'estramustine ou à la prednisone permet d'obtenir de meilleurs résultats chez les hommes atteints de cancer de la prostate non hormonodépendant au prix, néanmoins, d'effets indésirables graves, mais l'absence de comparaison directe entre les deux traitements proposés ne permet pas d'imposer à l'avenir un nouveau mode de prise en charge de ces patients.
« New England Journal of Medicine », 351, 15, pp. 1502-1512 et 1513-1520, 7 octobre 2004.
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