L'ÉQUIPE CHINOISE de Shuzhong Guo et coll. (hôpital de Xijing) rapporte le cas d'un homme de 30 ans dont le visage avait été arraché par un ours et qui a été greffé le 13 avril 2006 (photos). Il avait fallu réaliser des connexions des artères mandibulaires, des veines faciales, une réparation du nez, des lèvres, des parotides, de la paroi sous-orbitaire, de l'os zygomatique et des sinus. Les risques de rejet ont été traités à l'aide de quatre immunomodulateurs. D'autres produits ont été utilisés pour prévenir les infections, en se guidant sur des prélèvements répétés. Deux ans après, les chercheurs observent que les lambeaux cutanés ont bien survécu. Trois épisodes de rejet aigu sont survenus trois, cinq et dix-sept mois après la greffe. Tous ont pu être jugulés. Les reins et le foie du patient fonctionnent normalement, et il n'a pas d'infection. «Ces observations positives à deux ans sont de bon augure pour les résultats à long terme de la greffe du visage», estiment ces auteurs.
L'équipe française de Laurent Lantieri (hôpital Henri-Mondor, Créteil) discute les résultats de la reconstruction faciale du patient de 29 ans dont le visage se déformait sous l'effet d'une neurofibromatose infiltrant le milieu et le bas de la face. Le 21 janvier 2007, une allogreffe a été réalisée pour restaurer à la fois la fonction et l'aspect de son visage (« le Quotidien » du 16 mars 2007). Deux épisodes de rejet sont survenus, à J28 et J64, avec une surinfection par le CMV lors du second. Une évolution favorable a été obtenue, permettant même une réduction des produits immunosuppresseurs.
Un an après la greffe, le résultat fonctionnel est très bon, avec l'observation d'une réinnervation sensorielle et motrice du territoire transplanté. Sur le plan psychosocial, la récupération est excellente, observent les spécialistes, avec une réintégration sociale totale. Le patient a repris un travail à plein-temps treize mois après l'intervention réparatrice. «Notre cas confirme que la greffe de visage est réalisable chirurgicalement et qu'elle est efficace pour corriger un défigurement spécifique, comme celui de ce patient qui souffre d'une maladie génétique, souligne l'équipe du Pr Lantieri. Le suivi à long terme évaluera le risque lié à l'immunogénicité des composants des tissus allogéniques, en particulier pour ce qui concerne la durée de vie.»
Dans un éditorial associé, le Pr Jean-Michel Dubernard (co-auteur avec le Pr Bernard Duvauchelle de la première greffe faciale au monde) salue l'efficacité de la coopération entre les différentes équipes, qui oeuvrent à rendre une vie normale à ces patients défigurés.
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