Voilà une histoire dont on préférerait ne pas reparler dans ces colonnes. Pourtant, il faut bien s’y résoudre, puisque l’actualité place de nouveau sous les projecteurs vos deux confrères d’Auby. Les Drs Tirloy et Vellemans comparaissent en effet à compter de mardi à St Omer, en appel de leur condamnation pour non assistance à personne en danger. Qui ne se souvient de cette affaire, qui compte parmi les plus sordides de la chronique judiciaire de ces dernières années ? En janvier 2006, le corps du petit Marc, 5 ans, est retrouvé sans vie, battu à mort par son beau-père avec la complicité effarée de sa maman, et après des semaines de violences répétées.
Les deux médecins généralistes sont-ils coupables eux aussi ? Coupables de n’avoir rien vu et rien fait pour empêcher que seule la mort mette finalement un terme au calvaire du petit garçon ? Ce sera bien sûr à la Cour d’appel d’en décider. Mais le fait est qu’à coup sûr l’un et l’autre se sont fourvoyés. Il faut, de ce point de vue, se réjouir que l’affaire échappe au climat passionnel des Assises de l’an passé. Cette fois, les deux médecins seront seuls à la barre et seront jugés par des magistrats professionnels. Les débats devraient gagner en sérénité et permettront peut-être de mettre en évidence la solitude du soignant, et la difficulté de suspecter des violences face à une famille que l’on croyait si bien connaître. On pourra aussi gloser sur la difficulté pour un professionnel surchargé de poser un diagnostic de maltraitance en un quart d’heure de consultation. Tout cela n’exonère pas bien sûr les praticiens de leurs responsabilités, mais pose la question des risques du métier dans les conditions actuelles d’exercice de la médecine générale.
L’affaire d’Auby doit aussi être l’occasion de repenser la coopération entre professionnels de la petite enfance. Depuis mars 2007, il y a une loi pour cela. Mais elle reste trop peu connue et est insuffisamment appliquée. Mobilisé sur la réforme de l’adoption, sur la protection des jeunes sur le Net ou sur le statut du beau parent, le secrétariat d’Etat à la Famille n’a pas jusque-là mis la lutte contre la maltraitance dans ses priorités. A la faveur des « Etats généraux de l’enfance » annoncés pour le prochain trimestre, cela pourrait évidemment changer. Mais il est plus que temps.
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