Destinée à tous les publics, l'exposition a été conçue par l'Association des anciens internes en médecine des hôpitaux de Paris (AAIHP) à l'occasion du bicentenaire de la création de l'internat (« le Quotidien » du 7 février). Son objectif est triple, selon le président de l'AAIHP, Alain Haertig (promotion 1972). « Il s'agit de mieux faire connaître cette institution au grand public, de mettre en avant son rôle moteur dans l'avancée médicale et de susciter des vocations, pour renflouer les effectifs des anesthésistes notamment. »
L'exposition se compose de cinq grandes parties : un aperçu de la médecine avant l'internat, la création de l'internat en 1802, l'explosion du savoir et des techniques, les spécialités de l'internat et, enfin, les internes hors de l'hôpital.
Rigoureuse et complète quant à son contenu, l'exposition souffre toutefois d'une présentation très classique qui la rend moins attrayante. Le parcours linéaire est parsemé d'une foule de textes scientifiques, illustrés de temps à autre par des portraits d'anciens internes célèbres, des dessins ou des vitrines de cires anatomiques et d'objets médicaux des XIXe et XXe siècles.
Si le grand public constitue la cible principale de l'exposition, médecins et étudiants y trouveront également leur compte en s'attardant sur les panneaux qui décrivent plus en détail l'évolution de grandes disciplines médicales au cours des deux cents dernières années. A condition d'avoir de bons yeux, compte tenu notamment du faible éclairage.
L'espace dédié à l'état de la médecine avant la création de l'Internat de Paris réunit diverses images de la médecine du Moyen Age à la fin du XVIIIe siècle. La présentation de la statue en terre cuite, sculptée par David d'Angers, de Xavier Bichat, mort en 1802, est l'occasion d'évoquer la médecine anatomo-clinique. 1802, c'est également la date de création de l'Internat des hôpitaux de Paris. A ce sujet, sont notamment exposés la charte fondatrice de l'Internat et le mannequin anatomique en bois de tilleul commandé par Bonaparte en 1799 pour servir à l'instruction des internes.
Asepsie et radiologie
La zone dédiée à l'essor des techniques au XIXe siècle se focalise sur trois thèmes. L'anesthésie-réanimation tout d'abord : la découverte de l'asepsie par le Britannique Jenner et l'avènement de l'anesthésie ont permis aux chirurgiens d'effectuer des opérations plus longues. Puis la révolution radiologique : la découverte des rayons X par Röntgen a bouleversé les méthodes de diagnostic et de thérapie. Découverte mise à profit lors de la guerre de 1914-1918, avec les véhicules radiologiques présents sur le front, dont une reproduction miniature est présentée ici. Troisième thème abordé, la naissance du laboratoire, avec les premiers dosages, la physiologie pathologique et la microbiologie.
Dans l'espace suivant, un certain nombre de spécialités sont abordées : la cardiologie (Potain), l'ophtalmologie (Panas), la neurologie (Charcot), la pédiatrie (Robert Debré), la chirurgie orthopédique (Robert Merle d'Aubigné), la gastro-entérologie (Claude Bernard). Entre autres objets, on y découvre l'imposant électrocardiographe à corde d'Einthoven (1920), gros comme un réfrigérateur, ainsi qu'une série d'instruments pour l'amputation datant du XVIIIe siècle, redoutables, ou encore une tétine galactophore vieille de plus d'un siècle, parfaitement adaptée aux bouteilles de lait de l'époque.
L'internat mène à tout
La dernière zone de l'exposition est consacrée à la vie des internes hors hôpital. « L'internat conduit à tout, explique Alain Haertig. Sur les 12 000 anciens internes actuellement actifs, 70 % exercent en clinique, en hôpital, en cabinet ou à l'étranger. Les autres sont devenus journalistes, pilotes de ligne, chercheurs en industrie pharmaceutique, prêtres... On a même un prix Goncourt, Christophe Ruffin. »
A ne pas manquer, la pièce réservée à la présentation de photographies** de coupes histologiques, qui rappellent les travaux pratiques du PCEM. Imprégnés de fixateurs aux couleurs chatoyantes, les tissus grossis à l'extrême forment de bien curieux paysages qui éveillent l'imagination. Ainsi cette plaque motrice neuromusculaire, dont la terminaison neuronale évoque les doigts tentaculaires d'un extra-terrestre, ou bien ces microvillosités duodénales rebondies, semblables aux dunes de l'astre lunaire. La visite de l'exposition s'achève sur un espace ludique et interactif. Plusieurs bornes informatiques permettent au grand public de découvrir les sites Web dédiés à la médecine.
* 60, rue Réaumur, Paris 3e, tous les jours, sauf lundis et jours fériés, de 10 h à 18 h (jusqu'à 21 h 30 le jeudi). www.arts-et-metiers.net.
* * Photographies extraites de l'exposition « Au cur du corps » conçue par William Ewing, conservateur du musée de l'Elysée à Lausanne.
Des conférences
Pendant la durée de l'exposition, le musée des Arts et Métiers et l'Association des anciens internes en médecine des hôpitaux de Paris proposent un cycle de conférences, le jeudi de 18 h 30 à 20 h. Au programme : « Humanisme et médecine » (Pr Axel Kahn, le 28 février) ; « Médecine humanitaire : pour quoi faire ? » (Pr Marc Gentilini, le 7 mars) ; « Bicentenaire de la greffe : des origines à nos jours » (Pr Didier Houssin, le 14 mars) ; « L'ingénieur au service du médecin » (Rencontre du Café des techniques, le 21 mars) ; « Les objectifs de l'anesthésie moderne : vers un risque zéro et un confort optimal » (Pr Pierre Coriat, le 28 mars) ; « La médecine : une éthique de responsabilité » (Pr Didier Sicard, le 4 avril).
Accès libre sur inscription au 01.53.01.82.77 ou musee-com@cnam.fr.
Souvenirs d'internes
« Internat : la belle époque ? » : avec cette question, Quotimed, le site Internet du « Quotidien », a lancé un appel à témoignages à tous les internes et anciens internes. Pour participer à ce forum : www.quotimed.com.
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