Classique
Filmée au Covent Garden Royal Opera de Londres en 1991, la « Carmen » mise en scène par Nuria Espert - avec Cristina Hoyos pour la chorégraphie - est tout à fait fidèle à l'esprit de Bizet et de Mérimée.
Décors et costumes sont d'une efficacité et d'un goût parfaits. Avec deux protagonistes très crédibles - Luis Lima, émouvant Don José, et Maria Ewing, grande actrice dont la présence à l'écran montre un bel engagement -, le drame se déroule avec une grande acuité. L'ensemble des chanteurs et des figurants est mené avec un grand souci du détail. La direction de Zubin Metha emporte le tout. Un document idéal pour découvrir le plus populaire des opéras français (1).
Un an à peine après le couronnement du Festival de Glyndebourne 2002 par la « Carmen » de David McVicar (« le Quotidien » du 23 septembre 2002) avec le mezzo-soprano suédois Anne Sofie von Otter dans le rôle-titre, cette version est éditée en DVD.
Von Otter compose une Carmen vraisemblable, gitane rousse jamais vulgaire et se donnant entièrement à son jeu. Mais c'est surtout vocalement qu'elle épate. Par une perfection dans la ligne, une diction impeccable avec juste la pointe d'ail, l'exotisme qui sied au style, un raffinement dans les couleurs vocales, sans aucune afféterie ni concession.
Par rapport au spectacle, le film, qui cadre les visages de plus près, montre parfois un certain manque de spontanéité et aussi l'effort de cette composition. Ce n'est qu'une mince réserve compte tenu de la réussite d'ensemble. La mise en scène très respectueuse de David McVicar tend à confiner l'action dans un espace claustrophobiant (sauf au IIIe acte, astucieusement joué dans les brumes nocturnes de la montagne). Esthétiquement, on est plus proche de Toulouse-Lautrec que de Goya, mais tout fonctionne admirablement. Marcus Haddock est un Don José aux moyens idéaux et qui montre très bien l'évolution du personnage, tout comme la Micaëla de Lisa Milne.
Le jeune chef français Philippe Jordan dirige un London Philharmonic Orchestra rutilant de couleurs, tout comme les beaux costumes de Sue Blane, enjolivant une production qui ne perd rien de sa théâtralité à être filmée ainsi (2).
En bonus, le DVD offre des interviews, des reportages, qui montrent à quel prix se paye la perfection d'un tel spectacle. Répétitions de la chorégraphie (exemplaire et signée Andrew George), des combats, avec commentaires des responsables, secrets de fabrication de costumes. Un documentaire pas du tout conventionnel sur les jardins de Glyndebourne conclut ce superbe DVD et donne envie de courir toutes affaires cessantes à ce festival.
(1) Arthaus Musik/Naïve 1 DVD. . Enregistrement public 1991. PAL. Durée : 164 min.
(2) Opus Arte BBC (distribution Codaex). 2 DVD. Enregistrement public 2002. PAL. Durée : 2002 min.
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