De notre correspondante à New York
Environ un couple sur dix en âge de procréer est incapable de concevoir des enfants du fait d'une stérilité. L'homme est en cause dans environ un tiers des cas de stérilité. Depuis quelques années, une recherche intensive s'attache à trouver les causes génétiques de la stérilité chez les hommes et les femmes.
Chez l'homme, les observations les plus frappantes viennent des études du bras long du chromosome Y (Yq). Des délétions de l'une des trois régions du chromosome Y, désignées par AZFa, AZFb, et AZFc, diminuent sévèrement la production des spermatozoïdes et représentent la cause connue la plus fréquente d'insuffisance spermatogénique.
La délétion de la région AZFc (azoospermie factor c) est le plus souvent trouvée chez les hommes atteints d'azoospermie. Elle est responsable de 12 % des cas d'azoospermie (absence de spermatozoïdes dans le sperme) et de 6 % des oligospermies sévères (taux des spermatozoïdes < 5 millions/ml). Cela suggère que dans cette région se trouvent des gènes importants pour la production et la survie des spermatozoïdes.
En dépit de son importance dans la stérilité, la région AZFc s'est révélée difficile à séquencer car elle est composée, de façon très inhabituelle, de séquences massivement répétées (amplicons).
Une équipe dirigée par David Page (Whitehead Institute, MIT, Cambridge) a réussi à déterminer la séquence complète de la région AZFc. Leur analyse révèle qu'un complexe de trois palindromes englobe la région AFZc, lesquels sont construits à partir de six familles distinctes d'amplicons. Ce complexe contient 27 gènes qui sont exprimés principalement ou exclusivement dans les testicules.
Une équipe de chercheurs européens, dirigée par Howard Jacobs (université de Glasgow, Ecosse), a découvert que près de 10 % des hommes stériles européens sans azoospermie sont homozygotes pour l'absence de l'allèle courant du gène POLG. Ce gène de l'ADN mitochondrial code pour la polymérase de l'ADN mitochondrial. Leurs résultats indiquent que des variants des allèles POLG sont d'une manière ou d'une autre délétères pour la fonction (dont la mobilité) ou la différenciation des spermatozoïdes, mais ne semblent pas avoir d'effets sur les autres tissus. Les chercheurs suggèrent que d'autres gènes intervenant dans le maintien de l'ADN mitochondrial pourraient être aussi impliqués dans l'infertilité masculine.
« Nature Genetics », 22 octobre 2001, DOI : 10.1038/ng759 et DOI : 10.1038/ng757.
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