Marisol Touraine est-elle le chevalier blanc qui va sauver la médecine générale ou bien la gestionnaire un peu plan-plan du système de santé que ses détracteurs dépeignent ? Deux ans, jour pour jour, après son emménagement avenue de Ségur les deux comparaisons sont sans doute excessives. à moins que la ministre de la Santé ne soit un peu les deux à la fois. Un jour, on la trouve déterminée à prendre fait et cause pour les fantassins de la médecine, prête par exemple à trancher pour une prescription étendue d’un nouveau traitement du sevrage alcoolique ou à organiser l’extension du forfait médecin traitant. Et, le lendemain, elle apparaît si soucieuse des deniers publics qu’on se demande quels moyens elle dégagera pour donner corps à la fameuse « Stratégie nationale de santé » souvent célébrée, mais toujours pas concrétisée.
On en serait surement resté sur ce constat d’inachevé si elle n’avait pas été reconduite le mois dernier dans ses fonctions. Ce nouveau bail devrait permettre de mieux la juger, même si on en ignore au juste la durée. à ce stade, créditons-la au moins de fermes intentions. Dans le discours, d’abord. Elle fait de la médecine générale sa priorité. Avant même l’hôpital, ce qui est très nouveau pour un ministre socialiste ! La phase pratique est certes plus longue à démarrer. Mais tout de même… Quatre chantiers illustrent, mine de rien, cette « révolution du premier recours » promise par la ministre : la forfaitisation de la rémunération, la dynamisation du travail d’équipe, et, plus controversée, la généralisation du tiers payant… On n’oubliera pas le « praticien territorial de médecine générale », sorte d’hybride entre salariat et libéralisme. Un statut fait pour quelques centaines de jeunes aujourd’hui, mais qui pourrait bien inspirer celui du généraliste de demain…
On aime ou on n’aime pas. Mais on est obligé de convenir que tout cela dessine un exercice plus coordonné, plus collectif et, au total, plus intégré de la médecine de famille. Fers de lance de cette politique, les généralistes seront-ils payés en retour ? La question se pose à la veille d’un plan d’économies colossal dont la ministre n’a jamais vraiment dit s’il épargnerait les soins primaires. On pense aux praticiens installés, bien sûr, mais aussi aux jeunes qui passeront les ECN à la fin du mois et vis-à-vis desquels le combat de l’attractivité de la profession n’est toujours pas gagné. Cela passe par la revalorisation tarifaire, mais aussi par les conditions d’enseignement et d’exercice qui confinent encore trop souvent à l’artisanat.
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