COMME LE rappelle le Pr Didier Riethmuller, la prévention secondaire du cancer du col par frottis est très efficace, mais insuffisante, surtout chez les jeunes femmes. Une enquête réalisée en 2006 a montré que la moitié des patientes ayant un cancer invasif avaient bénéficié d'un suivi en accord avec les recommandations. D'où l'intérêt du vaccin, dont l'efficacité vis-à-vis des lésions précancéreuses du col dues aux HPV 16 et 18 est de 99 %. Une efficacité protectrice qui persiste au moins cinq ans. Le vaccin assure également une protection contre les lésions précancéreuses de la vulve et du vagin associées aux HPV 16 et 18, qui sont en augmentation depuis une trentaine d'années. Son efficacité s'étend aux verrues génitales, affections certes bénignes, mais aux lourdes conséquences psychologiques. Le RCP de Gardasil vient d'être complété par la protection croisée contre les lésions précancéreuses du col de l'utérus induites par des HPV à haut risque oncogène, non ciblés directement par le vaccin. Cette protection croisée concer-ne en particulier le HPV 31 qui est retrouvé dans 15 % des lésions précancéreuses et 7 % des cancers du col.
Deux ans après la mise à disposition de Gardasil par les Laboratoires sanofi-Pasteur MSD, les données d'efficacité clinique sont donc confirmées et étendues. De plus, l'Afssaps a publié, en juillet 2008, un premier bilan de pharmacovigilance rassurant après un an de remboursement du vaccin : les données de surveillance ne remettent pas en cause son rapport bénéfice/risque. La recommandation préférentielle de décembre 2007 de Gardasil reste de mise.
Un programme de suivi.
L'efficacité et la tolérance du vaccin font par ailleurs l'objet d'un vaste programme de suivi en population générale, comme l'a rappelé le Pr Philippe Reinert. Son efficacité «sur le terrain» est évaluée dans une étude d'une durée d'au moins dix ans mesurant l'évolution du nombre de cas de cancers et de lésions précancéreuses parmi la population alsacienne. Parallèlement, une cohorte de 5 500 femmes scandinaves, dont les premières ont été vaccinées en 2002, seront suivies pendant dix à quatorze ans. Le profil de sécurité de Gardasil est suivi dans le cadre d'un plan de gestion de risque au niveau national et européen. En France, ce plan comprend notamment le recueil des notifications d'effets indésirables, mais aussi une surveillance à long terme de certaines maladies auto-immunes et un registre de suivi des grossesses chez les femmes enceintes vaccinées. Par ailleurs, une série d'études sociologiques a été mise en place pour évaluer l'impact de la vaccination sur les comportements, notamment sur la prise de risque face aux infections sexuellement transmissibles et sur la pratique du dépistage. Un élément essentiel, puisque l'on sait que la vaccination ne saurait en aucun cas remplacer la prévention secondaire par frottis. D'ores et déjà, les campagnes d'information du public ont permis d'améliorer les connaissances sur le cancer du col et sa prévention : 7 femmes sur 10 savent que le cancer du col est dû au virus HPV et 8 sur 10 citent le frottis comme moyen de prévention. C'est maintenant au médecin de renforcer l'information de leurs patientes, insiste le Pr Riethmuller.
Conférence de presse des Laboratoires sanofi-Pasteur MSD avec la participation des Prs Philippe Reinert (Créteil) et Didier Riethmuller (Besançon), du Dr Yann Leocmach et de M. Eric Lecoq (sanofi-Pasteur MSD)
Premier bilan
Le vaccin quadrivalent anti-HPV 6, 11,16 et 18 est enregistré dans 104 pays ; 30 millions de doses ont été administrées. En France, 800 000 jeunes filles en ont d'ores et déjà bénéficié ; 97 % des femmes vaccinées ont moins de 23 ans, 59 % ont entre 14 et 17 ans.
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