En proposant un paramètre directement lié à la mortalité, au cours des syndromes de détresse respiratoire aiguë, l'équipe californienne de Thomas J. Nuckton apporte un élément pronostique jusqu'à présent inexistant dans cette affection. Ces médecins de San Francisco suggèrent qu'une élévation de la fraction d'espace mort pulmonaire au cours de l'affection est un facteur indépendant de décès.
L'espace mort pulmonaire est un élément ventilatoire perdu parce qu'il ne participe pas aux échanges gazeux. Son augmentation agit comme une possibilité en moins d'excréter le CO2. Les atteintes du flux sanguin pulmonaire et de la microcirculation sont caractéristiques des atteintes pulmonaires cliniques. Si le flux sanguin pulmonaire met en péril des territoires pulmonaires encore ventilés, la conséquence en est une augmentation de l'espace mort.
Chaque augmentation de 0,05
Les auteurs sont partis de mesure effectuées chez 179 patients intubés, en moyenne depuis 10,9 ± 7,4 heures, pour un syndrome respiratoire aigu. Leur objectif de travail étant d'évaluer la mortalité dans la population étudiée. L'étude statistique montre que la fraction d'espace mort moyenne est nettement et précocement élevée (0,58 ± 0,09) au cours de la détresse respiratoire. Elle est plus élevée chez les patients décédés que chez les survivants (0,63 ± 0,10 contre 0,54 ± 0,09). Pour chaque augmentation de 0,05 de la fraction d'espace mort, le risque létal est majoré de 45 %.
Des données antérieures ont suggéré qu'un chiffre de 0,60 ou au-delà marquait une affection sévère. L'étude californienne établit un risque majeur de mortalité pour les trois quintiles les plus élevés de la fraction d'espace mort, soit ≥ 0,57. Toutefois, les chercheurs précisent que leur travail n'était pas dédié à déterminer un chiffre seuil.
Des travaux récents ont montré que, au cours des décès par détresse respiratoire aiguë, il existe, par rapport aux survivants, une élévation de l'antigène du facteur de Willebrand (marqueur de l'atteinte endothéliale) dans le plasma et l'œdème pulmonaire. L'augmentation de la fraction d'espace mort peut être un reflet de l'extension de l'atteinte vasculaire pulmonaire.
La valeur non corrigée
Les auteurs précisent enfin que l'association est valide que l'espace mort soit exprimé en fraction ou par kg de poids corporel idéal. La correction par le volume compressible du circuit de ventilation n'affecte pas non plus les résultats. Dès lors, il semble plus simple d'utiliser la valeur non corrigée en pratique clinique.
« La mesure de la fraction d'espace mort pourrait aider... à identifier les patients justifiant d'une intervention thérapeutique particulière... ainsi que dans des essais... pour évaluer le bénéfice d'un traitement chez les patients les plus atteints », concluent les auteurs.
« New England Journal of Medicine », vol. 346, 25 avril 2002, pp. 1281-1285.
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