Détresse psychologique : risque accru de maladie d'Alzheimer

Publié le 08/12/2003
Article réservé aux abonnés

Selon une étude publiée aujourd'hui dans « Neurology », les personnes sujettes à des émotions négatives comme la dépression et l'anxiété sont deux fois plus à risque que les autres de développer une maladie d'Alzheimer.
Ce travail fait partie d'une grande étude conduite sur 797 religieux (soeurs, prêtres et frères), âgés en moyenne de 75 ans. A l'entrée dans l'étude, puis tous les ans, ces sujets étaient évalués sur leur tendance au stress grâce à une échelle validée ; ils devaient dire s'ils étaient d'accord ou pas d'accord sur des affirmations comme : « Je ne suis pas un inquiet »,« Je suis souvent tendu et craintif »,« Je suis souvent fâché de la façon dont les gens me traitent. »
« Etant donné que le stress chronique a été associé à des modifications dans l'hippocampe et à des problèmes d'apprentissage et de mémoire, nous avons voulu tester la théorie selon laquelle une détresse psychologique peut moduler le risque d'Alzheimer », explique Robert Wilson (Chicago).
Pendant une durée de 4,9 ans, 140 sujets ont développé un Alzheimer. Ceux qui étaient le plus sujets à une détresse psychologique (situés dans le 90e percentile) étaient deux fois plus à risque de développer la maladie que ceux qui étaient situés dans le 10e percentile. La mémoire épisodique a décliné dix fois plus vite chez ceux qui avaient une détresse psychologique.
Les chercheurs ont également évalué les participants sur des symptômes de dépression. Une nouvelle analyse en contrôlant les symptômes de dépression n'a pas modifié les résultats. De même, les conclusions n'ont pas été changées par la prise en compte des activités cognitives habituelles.
Afin de voir si la tendance à la détresse psychologique était un signe précoce d'Alzheimer plutôt qu'un facteur de risque de la maladie, les chercheurs ont étudié le cerveau de 141 participants qui sont décédés pendant l'étude. Parmi eux, 57 présentaient les critères d'une probable maladie d'Alzheimer ; les auteurs ont remarqué que la tendance à la détresse psychologique n'était pas liée aux manifestations pathologiques (plaques) de la maladie.
« Ces résultats suggèrent que la tendance au stress est un cofacteur conduisant à la démence dans l'Alzheimer, mais ce résultat doit être confirmé », estime un éditorialiste, John Breitner.

« Neurology », 9 décembre 2003.

Dr E. de V.

Source : lequotidiendumedecin.fr: 7442