CETTE SAISON aura été, en France, très favorable à Hans Werner Henze avec des représentations de ses « Bassarides » et de « Pollicino » au Châtelet (voir « le Quotidien » du 25 avril) ainsi que de ce dernier à l'Opéra de Lyon qui vient d'assurer la création française de « l'Upupa » pour la clôture de sa saison (1). Les commentateurs de la création salbourgeoise ont voulu voir dans ce conte arabe mêlé de conte initiatique allemand, un hommage à Mozart, quelque chose présentant beaucoup de similitudes avec « la Flûte enchantée » avec ses oiseaux, ses monstres et son atmosphère orientale.
Il y est question de la recherche d'un oiseau évadé, l'Upupa, huppe dans la langue italienne, celle de la patrie adoptive de Henze. Trois fils partent au péril de leur vie à la recherche de cet oiseau rare dont la disparition fait le malheur de leur père. Toutes sortes d'épreuves, l'apprentissage de la vie en fait, les attendent sur la route.
Partition très moderne, « l'Upupa » fait une énorme place au chant et on y sent l'influence du Berg de « Wozzeck ». Bien que très moderne sur le plan théâtral, la production de la création très inventivement mise en scène par Dieter Dorn dans des décors et costumes de Jürgen Rose - celle-là même qu'a repris l'Opéra de Lyon - laisse la place à la magie et à ses accessoires. Les décors magiques de poésie et d'efficacité décrivent avec simplicité les différents royaumes visités par les protagonistes lors de leur chemin initiatique.
Comme lors de la création mondiale à Salzburg, les interprètes sont de tout premier ordre pour défendre cette création française. Alfred Muff, le Vieillard, Tom Alen, très émouvant dans le Démon et rien de moins que Laura Aikin (une grande Lulu de Berg), Nadine Denize (Malik) et Siegfried Vogel (Djab). Le baryton estonien Lauri Vasar donnait un relief certain au rôle principal d'Al Kassim, tout comme le contre-ténor Fabrice Di Falco et le baryton Jérôme Varnier dans ceux des deux méchants frères. Magnifiques aussi le Chœur et l'Orchestre de l'Opéra de Lyon dirigés par Gérard Karsten dans une partition qui, si elle ne renie rien de ses influences bergiennes, est désormais un classique.
Henze sur DVD.
Ceux qui ne l'auront pas vu pourront se consoler avec le DVD de la production salzbourgeoise magnifiquement filmée par Bryan Large (2). Matthias Görne, qui fut par la suite un étonnant Wozzeck, Axel Koehler et Anton Scharinger (un Pappageno !) y jouent les rôles des trois frères.
Un autre DVD paru, celui du « Prince de Hombourg », cinquième opéra de Henze, pourra heureusement compléter le parcours de ceux qui se seront attachés à découvrir l'œuvre lyrique de ce compositeur allemand au cours de cette saison faste (3). Il s'agit de la production munichoise de 1994, mise en scène avec une fidélité parfaite à l'esprit de Henze qui a voulu avant tout en faire un éloge de la désobéissance, et de Kleist d'après le drame duquel l'opéra est composé, sous la direction musicale de Wolfgang Sawallisch. François Le Roux incarne avec beaucoup d'intensité ce prince romantique, rôle qu'il s'est approprié et a chanté ensuite notamment à Toulouse en 1997. Tout cela augure d'une renaissance bienvenue de l'œuvre de Henze dans notre pays. Reverra-t-on bientôt sur nos scènes les chefs-d'œuvre que sont « Boulevard Solitude », « le Roi Cerf », « le Jeune Lord » et surtout « Elegy for Young Lovers » ?
(1) Opéra de Lyon (0826.305.305 et www.opera-lyon.com).
(2) 1 DVD Euro Arts (distribution Intégrale).
(3) 1 DVD Art Haus (distribution Intégrale).
Saison 2005/2006 de l'Opéra de Lyon
La saison prochaine de l'Opéra de Lyon ouvrira le 20 septembre avec deux concerts de l'opéra « Roberto Devereux », de Donizetti, dirigés par Evelino Pido. Suivront la reprise d'« Ariane à Naxos », de Richard Strauss, « les Contes d'Hoffmann », qui ouvriront une programmation spéciale consacrée à Offenbach, laquelle comprendra également « les Fées du Rhin », « Monsieur Choufleuri... », « Petit Voyage dans la Lune » et « l'Ile de Tulipatan ».
Une nouvelle production du rare « Mazeppa » de Tchaïkovski dirigée par Kiril Petrenko dans une mise en scène de Peter Stein, puis du plus rare encore « Caïn ou le premier homme », d'Alessandro Scarlatti, précéderont la création de « Faustus, la dernière nuit », de Pascal Dusapin, mis en scène par Peter Mussbach. Suivront un nouveau « Cosi fan tutte », dirigé par William Christie, et « Alcina », de Haendel, puis un cycle « De Berlin à Broadway » avec « Signé Venus », comédie musicale de Kurt Weill, ainsi que « Celui qui dit oui, celui qui dit non » et « le Vol de Lindbergh/les Sept Péchés capitaux », du même, qui achèveront cette prochaine saison lyrique lyonnaise.
Le Ballet de Lyon reprendra « Limb's Theorem », de Forsythe, « Solo for two » et « Fluke », de Mats Ek, « Casse-Noisette », de Dominique Boivin, et les chorégraphes Sasha Waltz, Maguy Marin et Anne Teresa de Keersmaeker seront invitées à se produire avec leurs compagnies.
Opéra de Lyon : 0826.05.305 et www.opera-lyon.com.
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