A Paris, au Grand Palais

Design follies

Publié le 27/09/2007
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S'IL EST UN MOT qui pose des problèmes de sens dans la langue française, c'est bien l'anglicisme «design». Le design se définit comme une «esthétique industrielle appliquée à la recherche de formes nouvelles et adaptée à leur fonction», mais on l'emploie également aujourd'hui pour parler d' «objet tendance, à la mode». L'exposition du Grand Palais, loin de livrer une histoire structurée de cette esthétique, confronte les objets et les meubles, opère des rapprochements, toutes époques confondues, propose des dialogues, des thèmes, des raccourcis… C'est donc dans un joyeux désordre, au demeurant très ordonné, que sont exposées les pièces de design phares du XXe siècle, assemblées et regroupées selon les formes qu'elles suggèrent, les styles auxquels elles appartiennent et les « environnements » dont elles s'inspirent.

Ainsi, dans une première partie qui répertorie les différentes formes et lignes de structure des meubles (formes carrées, rectilignes, courbes, en arabesques), trouve-t-on, à côté d'un buffet très constructiviste et géométrique des années 1920, la bibliothèque hélicoïdale de Ron Arad (1993), dont les courbes se rapprochent de la chaise longue « Bubble » de Frank O. Gehry en carton ondulé (1979) et des entrelacs néorococo du piétement de table des frères Thonet (1860-1866). La forme se révolte et s'encanaille dans des oeuvres telles que le fauteuil « Bel air » de Peter Shire (1982), déstructuré et très coloré, ou dans le banc iceberg de Zaha Hadid (2003), imposant et kitsch.

L'exposition s'attache ensuite à parler des styles et de la persistance dans le temps de certains courants occidentaux (comme le style Louis XV ou Louis XVI), en dévoilant des pièces telles que le radiateur en rinceaux de béton de Joris Laarman (2003), le lustre « Zénith » de Philippe Starck (2003) en cristal noir ou encore une série de meubles inspirés des arts primitifs (chaise « Barbare » de Garouste et Bonetti, lampe « Toutankhamon » de Giacometti en résine, deux objets phares des années 1980).

(S. Haygarth)

Clins d'oeil.

La fin du parcours est riche en surprises et en clins d'oeil. Elle réunit du mobilier faisant référence au monde animal (aquarium japonisant d'Edouard Lièvre de la fin du XIXe, avec tortues et êtres aquatiques, superbe « bar chat polymorphe » de François-Xavier Lalanne, datant de 1968, bassin de Nevers du XVIIe siècle avec des pattes de coq en guise de support…), et au monde végétal (oeuvres d'Hector Guimard et leurs décors Art nouveau, table-fleur d'Hubert Le Gall, très poétique, candélabres aux pavots du XIXe siècle…). Plus on avance, et plus l'esprit est loufoque et décalé. L'exposition permet encore de découvrir la maison-utérus contemporaine de Van Lieshout, appartement en forme de matrice, la « Phantasy landscape » de Verner Panton (1970), installation en mousse dans laquelle on peut s'abriter, les meubles fabriqués à partir d'objets de récupération (séduisant luminaire que Stuart Haygarth réalisa en 1996 à partir d'objets ramassés sur les plages et commode faite à partir de tiroirs par Remy Tejo), et enfin les objets inspirés par l'architecture comme le « Pyramid Furniture », meuble en forme de gratte-ciel de Shiro Kuramata (1968).

Dès la première salle, le visiteur était prévenu : l'exposition ne se veut pas une manifestation didactique, mais entend simplement amuser, égayer, éveiller. Qui s'en plaindra ?

Galeries nationales du Grand Palais, Paris 8e. Tlj sauf mardi, de 10 h à 20 h (mercredi et vendredi jusqu'à 22 h). Entrée : 10 euros (TR : 8 euros). Catalogue, Ed. RMN, 380 p., 55 euros. Jusqu'au 7 janvier 2008.

> DAPHNÉ TESSON

Source : lequotidiendumedecin.fr: 8225