La ministre de la Santé s’est rendue ce lundi à Chalon-sur-Saône, à l’occasion du premier anniversaire du lancement de son pacte territoire-santé contre les déserts médicaux, affirmant que « les résultats sont là et que les chiffres parlent d’eux-mêmes »...
Marisol Touraine a également souligné que, malgré les demandes récurrentes d’élus locaux, elle avait fait le choix de l’incitation, et écarté la coercition. Florilège des principales mesures.
• Praticiens territoriaux de médecine générale : 200 nouvelles installations en 2014
Mesure phare du pacte, le dispositif du praticien territorial de médecine générale (PTMG) à rencontré un certain succès. Fin décembre 2013, 180 jeunes praticiens ont opté pour ce dispositif qui garantit un revenu plancher de 3 640 euros net par mois (pendant deux ans) et une couverture maladie plus avantageuse en échange d’une installation en zone déficitaire. Marisol Touraine s’était engagée sur 200 contrats signés dès 2013, mais elle assure que les 20 derniers « seront finalisés dans les prochaines semaines ».
Trois régions ont été en pointe : Rhône-Alpes (33 contrats), Bourgogne (13) et Centre (12).
Forte de ce résultat, la ministre reconduit le dispositif pour 2014 avec 200 nouveaux contrats proposés.
• Stage de médecine générale pour 100 % des étudiants : objectif 2017
Il y a un an, moins de la moitié des étudiants avaient accès à ces stages de deuxième cycle en médecine générale, assure la ministre. En 2013, ce pourcentage est monté à 60 %, mais huit régions ont déjà atteint les 100 % (Languedoc-Roussillon, Midi-Pyrénées, Auvergne, Alsace, Lorraine, Champagne-Ardenne, Franche-Comté et Limousin). La ministre l’assure : 100% des étudiants de deuxième cycle (8 000) auront accès à ces stages à l’horizon 2017.
• CESP: 591 bourses pour des étudiants ou internes
Le contrat d’engagement de service public (CESP) existait avant l’arrivée de la gauche au pouvoir, mais Marisol Touraine a simplifié le dispositif pour le rendre plus attractif (et l’élargir à quelques futurs chirurgiens dentistes). 353 contrats avaient été signés jusqu’à fin 2012 et 238 autres l’ont été en 2013.
Marisol Touraine table sur un total de 1 500 bourses à l’horizon 2017.
• Réfèrent installation dans chaque ARS : mission accomplie
Chaque agence régionale de santé (ARS) dispose aujourd’hui d’un correspondant installation, guichet unique et identifiable pour tous les candidats à l’installation. Pour la ministre, ces référents expliquent en partie le succès des PTMG et des CESP.
• 600 maisons de santé pluridisciplinaires en 2014 : l’envolée...
« L’avenir est à l’exercice collectif » a martelé la ministre. Elle s’est félicitée du nombre de maisons de santé pluridisciplinaires (MSP) créées. Il en existait 170 en France fin 2012, elles étaient 370 en 2013 et devraient être plus de 600 d’ici à la fin de cette année ! Leur nombre est passé, par exemple, de 21 à 43 en Bretagne entre 2012 et 2013.
• La télémédecine, pratique montante
La télémédecine « progresse partout, notamment dans la prise en charge des AVC » se réjouit la ministre.
En 2014, l’accent sera mis sur le secteur ambulatoire, notamment dans les cabinets médicaux en zones fragiles.
• Soins urgents en moins de 30 minutes : cap sur les médecins correspondants du SAMU
En 2012, deux millions de Français n’avaient pas accès à des soins urgents en moins de 30 minutes.
En 2014, moins de un million de Français devraient être encore concernés par cette situation pénalisante.
La recette passe par l’évolution du nombre de médecins correspondants du SAMU (150 en 2012, 650 en 2014) mais aussi par le recours ciblé à des hélicoptères sanitaires.
• Les syndicats très circonspects
La profession semble beaucoup moins enthousiaste que Marisol Touraine, à la lecture des toutes premières réactions, ce lundi soir. Le Syndicat des médecins libéraux (SML) juge que « rien n’a changé ». « La création de MSP et l’afflux de praticiens étrangers accroissent les inégalités territoriales et les injustices de traitement, analyse-t-il. L’aménagement du territoire continue de pénaliser les installations de jeunes confrères. Les médecins libéraux sont découragés, fatigués et inquiets et rien n’est fait pour les rassurer, au contraire. »
Pour la Fédération des médecins de France (FMF), « prétendre régler le problème des déserts médicaux avec les 192 praticiens de médecine générale fait penser à Marie Antoinette qui voudrait régler l’élevage en France avec les 4 brebis de sa bergerie du Trianon ». Le syndicat demande que cesse cette « politique de rustines médiatiques » et qu’on déclenche enfin un plan Marshall pour la médecine libérale.
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