« Les déserts médicaux sont partout, et les Français sont inquiets », a affirmé Marisol Touraine en présentant ce jeudi son plan d’action. La ministre de la Santé s’exprimait depuis la petite ville de Scorbé-Clairvaux dans la Vienne, où elle a visité une maison de santé pluridisciplinaire en compagnie de Ségolène Royal, présidente de la région Poitou-Charentes.
Marisol Touraine, a rappelé son opposition à toute mesure coercitive et a taclé les précédents gouvernements, jugeant que « ceux qui croient à la contrainte sont de bonne foi, mais ils y croient parce que très peu de choses ont été faites ces dernières années », à part quelques mesures isolées. La ministre a prévenu que les 12 engagements de son pacte constituaient « un plan global et cohérent, où chaque mesure consolide les autres ». L’objectif avoué de Marisol Touraine, « ce n’est pas d’avoir un médecin par village, mais un pôle de santé par territoire ». Aussitôt connu, ce pacte a fait réagir les syndicats. Tour d’horizon.
Les jeunes généralistes satisfaits
Du côté de l’ISNAR-IMG (internes) et de ReAGJIR (jeunes installés et remplaçants), on juge que les mesures proposées, comme la découverte de l’activité ambulatoire au cours de la formation, le revenu minimum assuré lors des premières années d’installation, ou la valorisation du travail interprofessionnel, « permettront de diminuer un grand nombre des appréhensions liées à l’exercice ambulatoire, notamment en zones déficitaires ». Mais les jeunes généralistes rappellent que 95 % des internes ne connaissent pas les aides à l’installation existantes, et invitent le gouvernement à « porter ces mesures sur le terrain au plus près des intéressés ».
MG France : un plan réfléchi et coordonné
Chez les syndicats de seniors, les réactions sont plus distanciées, sauf à MG-France, dont le président Claude Leicher juge que les pouvoirs publics « sont passés à la phase opérationnelle et ne se contentent plus de discours ». Il cite le développement du travail en équipe et rappelle que le PLFSS 2013 prévoit déjà l’ouverture de négociations conventionnelles interprofessionnelles sur la rémunération des équipes de soins. « Ce plan est réfléchi et coordonné », estime MG-France.
FMF : un plan qui n’est pas à la hauteur des enjeux
À la Fédération des médecins de France, le Dr Jean-Paul Hamon juge que les pouvoirs publics ont découvert « bien tardivement qu’il fallait modifier les études et faire connaître aux étudiants l’exercice libéral ». Mais le président de la FMF regrette l’oubli d’un « point important : l’organisation de la permanence des soins, vécue comme un repoussoir à l’installation par de nombreux étudiants ». Jean-Paul Hamon rappelle que d’ici 10 ans, « 29 000 généralistes vont partir à la retraite, alors que seuls 9 400 prendront la relève. Ce n’est pas avec 200 praticiens territoriaux et 1 500 contrats d’engagement de service public (CESP) que l’on va résoudre le problème ».
SML : rien de nouveau
Le Dr Roger Rua, président du SML, est tout aussi dubitatif. « Il n’y a rien de nouveau dans ce plan », juge-t-il. Le SML regrette que ces mesures conduisent à « un regroupement quasi obligatoire des généralistes avec les autres professionnels de santé ». Il constate également que les spécialités cliniques sont les grandes oubliées de ce plan : « c’est leur mort annoncée s’il est mis en application », prédit-il.
CSMF : faire déjà connaître l’existant
Enfin, à la CSMF, le Dr Michel Chassang « prend acte de l’engagement du gouvernement à favoriser l’incitatif plutôt que la coercition ». Le patron de la confédération rappelle que plusieurs mesures incitatives existantes « ne sont pas appliquées par les pouvoirs publics qui par ailleurs n’en font pas la publicité auprès des jeunes médecins ». Pour la CSMF, la revalorisation de la médecine libérale passe par l’amélioration des conditions d’exercice, de la permanence des soins, des rémunérations et de la couverture sociale des médecins.
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