Des voix venues d'ailleurs : « On ne sait pas ce qu’on va devenir le lendemain »

Publié le 09/08/2017
couloir d'hôpital

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Crédit photo : Phanie

LE QUOTIDIEN – Pouvez-vous résumer votre parcours ?

Dr M. : J’ai fait mes études d’ORL en Algérie, puis je suis arrivée en France en 2010 pour suivre mon époux, qui est aussi médecin… mais qui est français. J’ai d’abord travaillé comme faisant fonction d’interne (FFI) dans un centre de lutte contre le cancer, puis j’ai voulu repartir. Mais mon mari voulait rester. Je ne suis finalement retournée qu’une année en Algérie, et je suis revenue exercer comme praticien attaché associé dans un centre hospitalier francilien.

Quel est votre sentiment par rapport à cette situation ?

Je vis cela très mal. On exerce sur des contrats renouvelés tous les six mois, on ne sait pas ce qu’on va devenir le lendemain… Et pourtant, ce sont les médecins étrangers qui font marcher les hôpitaux en périphérie. Là où je suis, nous sommes 70 ou 80 % d’étrangers. Dans d’autres pays, aux États-Unis par exemple, la situation est plus claire : soit vous êtes recrutable, soit vous ne l’êtes pas. Ici, vous êtes dans le « deux poids, deux mesures » : on considère que vous êtes compétent jusqu’au jour où vous demandez à être rémunéré comme vos collègues. Et vous formez des internes qui sortent avec un meilleur salaire que vous.

Comment voyez-vous l’avenir ?

J’ai voulu passer le concours de la liste A [qui permet à des praticiens à diplôme hors UE d’accéder au statut de PH, NDLR] : il y avait trois postes pour 70 candidats, j’ai eu 18 et le dernier recruté a eu 18,15. Tous ceux qui ont été recrutés venaient de l’extérieur, ils ne travaillaient pas et ont pu préparer le concours tranquillement. C’est un système injuste, tout le monde n’est pas sur le même pied. Mais je garde espoir, je me dis que si nous luttons, la tutelle finira par faire bouger les choses. La seule alternative, c’est de tenter ma chance dans un autre pays européen. Mais cela signifierait laisser ma famille et mes enfants.

Propos recueillis par Adrien Renaud

Source : lequotidiendumedecin.fr