SI LA DOULEUR est aujourd'hui mieux considérée et prise en charge de façon plus efficace, il n'en demeure pas moins que les traitements actuels sont souvent cause d'effets indésirables non négligeables qui constituent un frein à leur utilisation.
Les récents progrès accomplis dans le domaine de la biologie de la douleur ont néanmoins mis en lumière plusieurs cibles potentielles permettant d'envisager le développement de nouvelles thérapeutiques antalgiques, à la fois plus efficaces et mieux tolérées. Au niveau central, ce sont, entre autres, les relais de la transmission de la douleur qui sont étudiés. Au niveau des terminaisons nerveuses des neurones nocicepteurs, les espoirs portent sur les canaux calciques, sodiques et TRP (pour Transient Receptor Potential), ainsi que sur les inhibiteurs de la cyclo-oxygénase 2. Il a été notamment établi que, dans les douleurs chroniques, l'activité de certains canaux ioniques est augmentée, ce qui entraîne l'hyperexcitabilité des neurones nocicepteurs.
C'est ce qui a motivé la décision du comité scientifique de la FRM de décerner son label Équipe FRM au Dr Patrick Delmas qui, avec ses collaborateurs de l'UMR 6231 du CNRS, a découvert un canal sodique nommé Nav1.9. Uniquement présent à la surface des neurones nocicepteurs, il joue un rôle clé dans la transmission de l'information douloureuse vers le cerveau. Le projet pour lequel le Dr Delmas vient d'être récompensé consiste donc à définir avec précision la contribution des canaux Nav1.9 à la douleur chronique et à identifier les agents susceptibles d'inhiber spécifiquement ces canaux. Cela permettrait de développer des traitements ciblés qui, par là-même, seraient dénués d'effets indésirables collatéraux, contrairement aux antalgiques actuellement disponibles.
En corollaire du label décerné, FRM a mis à la disposition de l'équipe de Patrick Delmas une somme globale de 260 000 euros utilisable sur trois ans. Cette dotation, qui a d'ores et déjà permis au laboratoire d'acquérir un microscope inverse à fluorescence et contraste de phase, finance également les salaires d'un ingénieur et d'un postdoctorant pendant deux ans.
Réunion de presse organisée par la FRM au centre de recherche en neurobiologie et neurophysiologie, UMR 6231 du CNRS, faculté de médecine de Marseille.
La FRM, mal connue et pourtant très active
Fondée en 1947 par des médecins et chercheurs de renom, dont les Prs Jean Bernard et Jean Hamburger, la FRM (Fondation pour la recherche médicale) est l'organisme caritatif qui, dans notre pays, joue le rôle le plus important en matière de financement privé de la recherche médicale publique. Totalement autonome et privée, la Fondation s'appuie sur la générosité de 430 000 donateurs réguliers pour promouvoir les recherches dans des domaines délaissés ou constituant de nouvelles priorités de santé publique. À ce titre, elle apporte notamment son soutien financier aux jeunes chercheurs à des moments clés de leur carrière. C'est ainsi que, chaque année, elle finance les projets de plus de 700 chercheurs et équipes de recherche.
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