FACE AUX DÉSASTRES humains que l'épidémie entraîne sur son passage, une solution qu'a testée et développée la fondation FXB est de réorganiser des communautés éclatées, où l'extrême pauvreté s'est généralement installée et où les problèmes humains et sanitaires trouvent un terrain de choix. Le VIH a tué 30 millions de personnes depuis le début de l'épidémie, et continue toutes les 15 secondes d'enlever à un enfant un de ses parents. Les orphelins du sida seraient au nombre de 15 millions au moins, un chiffre «en deçà de la réalité», souligne Albina du Boisrouvray, compte tenu de «l'absence de statistiques pour certains pays telles la Russie, l'Inde, la Chine».
Il faut 6,5 milliards.
Ces enfants, livrés à eux-mêmes, devenus trop tôt chefs de famille, vulnérables, sans prise en charge sanitaire, affective ou scolaire dans des zones d'épidémie et de pauvreté (Afrique subsaharienne, Cambodge, Thaïlande…), Albina du Boisrouvray en a fait son combat et sa fierté. À l'occasion de la présentation, dans l'une des enceintes du Sénat, des enjeux de la JMOS 2008, elle a tenu à convaincre de l'importance d'engager de nouveaux financements face à cette épidémie. Et de rappeler que le montant de l'aide nécessaire pour développer une réponse globale à la crise des orphelins du sida est estimé par ONUSIDA à 6,5 milliards de dollars, quand «500 millions de dollars sont aujourd'hui investis».
Rejointe par Simone Veil, qui souhaite qu'à l'occasion de la présidence française de l'Union européenne soient rappelées «la gravité de la situation, l'importance de l'enjeu et de l'aide à l'Afrique», Albina du Boisrouvray a invité la France à jouer un rôle de «leader» au moment du G8 (du 7 au 9 juillet au Japon). L'objectif visé étant d'obtenir de la part de l'ensemble des gouvernements que «10% des fonds alloués pour la lutte contre le sida soient dédiés à la création de programmes humanitaires pour les orphelins du sida». Tel est l'engagement déjà pris par le Royaume-Uni et les États-Unis.
Autonomie économique et sociale.
Présente dans 18 pays, FXB mène une centaine de programmes et compte 400 employés recrutés localement. Le programme phare destiné à l'aide des enfants orphelins repose sur un principe de villages modèles. Sortes de microsociétés humaines qui regroupent chacune 80 familles, soit 500-600 personnes, démunies, progressivement conduites à «une autonomie économique et sociale». Le village FXB se structure autour de bénévoles locaux et des habitants, qui, pour bénéficier, entre autres, des aides au développement d'activités génératrices de revenus (tissage, élevage de bétail, etc.), d'un soutien médical de base et d'un accès aux traitements antirétroviraux, d'un soutien nutritionnel, d'une scolarisation… doivent accueillir et intégrer les orphelins du sida.
L'aventure du village FXB est financée pendant trois ans de manière dégressive. Quatre ans après la fin de cette période, «86 % des bénéficiaires s'en sont sortis et sont devenus de petits entrepreneurs», interpelle avec enthousiasme Albina du Boisrouvray. Dans la lutte contre le sida, «ça ne peut pas remplacer un traitement par trithérapie», mais le résultat est là, sortir plusieurs générations de la maladie et de la pauvreté, préparer l'avenir permet de «redonner l'espoir» aux populations touchées. Le 7 mai, la journée est un appel au développement de ces villages, reconnus par ONUSIDA, dans son rapport de 2002, comme l'une des meilleures solutions de soutien aux orphelins du sida. Trente sont déjà en fonctionnement à travers le monde, une «étape» seulement pour cette femme d'exception, présidente de FXB, engagée depuis vingt ans dans la lutte contre le sida et le secours aux orphelins.
Depuis 1989
Avec la fortune familiale, Albina du Boisrouvray et son fils, François-Xavier Bagnoud, s'étaient promis d'aider les autres. Après la mort du jeune homme dans un accident d'hélicoptère, en 1986, lors du Paris-Dakar, avec Daniel Balavoine et Thierry Sabine, l'idée s'impose, alors que l'épidémie d'infection par le VIH explose : secourir les orphelins du sida. L'association François-Xavier Bagnoud naîtra en 1989, avec un premier programme en Ouganda. Présente aujourd'hui dans 18 pays, FXB mène près de 100 programmes, avec 30 villages modèles FXB.
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