Cancer bronchopulmonaire familial

Des variants génétiques quintuplent le risque

Publié le 11/09/2008
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UNE PETITE RÉGION du chromosome 15 vient d'être associée au risque de cancer pulmonaire, par une équipe américaine de Washington. Ce travail apporte une confirmation à des études antérieures, mais il montre aussi un risque indépendant du tabagisme, chez les porteurs des variations. Cette prédisposition génétique multiplie le risque de cancer pulmonaire par plus de 5.

Comme le rappelle l'auteur principal de l'étude, parue dans le Journal of the National Cancer Institute », Ming You, alors que certains fumeurs ne déclareront pas de cancer du poumon, dans certaines familles ce cancer survient avec une incidence élevée. De quoi envisager le rôle de facteurs génétiques.

D'ailleurs, trois études récentes ont mis en évidence plusieurs marqueurs génétiques de surrisque. Mais elles portaient sur des cas sporadiques. Par rapport aux publications antérieures, le travail de You et coll. met en évidence la seule région génétique commune à toutes ces études et il porte sur les cancers pulmonaires familiaux. Ces trois travaux précédents chiffraient le surrisque à 30 %, l'équipe de Washington aboutit à un risque cinq fois plus élevé chez les porteurs. Enfin, deux des travaux antérieurs, tout comme l'étude actuelle, considéraient que le risque conféré par ces gènes était indépendant du tabagisme. Ce qui fait de l'hérédité et de la cigarette deux facteurs de risque indépendants, dont l'association peut se révéler redoutable.

L'équipe américaine est partie de l'analyse de l'ADN de 194 individus atteints d'une forme familiale de cancer bronchopulmonaire et de 219 témoins indemnes. Tous avaient plus de 60 ans et étaient caucasiens (pour plus d'uniformité). Plus de 300 000 SNP (polymorphisme d'un seul nucléotide) ont été étudiés. Plusieurs variants génétiques (les SNP) ont été associés à ces formes familiales sur les chromosomes 1, 3, 6, 9, 12 et 20. Mais, surtout, tout un groupe de SNP identifié sur le bras long du chromosome 15 avait le lien le plus important avec la maladie. La présence homozygote de ces variants multiplie le risque par un facteur allant de 5,7 à 7,2.

Il n'est pas tout à fait étonnant de constater que le site identifié contienne également trois gènes codant pour des protéines impliquées dans la dépendance à la nicotine.

Les chercheurs concluent en rappelant que les gènes mis en évidence sont impliqués dans la prolifération et la mort cellulaires. Ils sont actifs au cours du cancer pulmonaire. Davantage de recherches seront nécessaireS pour déterminer leur rôle précis dans la survenue de ce cancer, de même que dans un dépistage des individus à risque.

« Journal of the National Cancer Institute », 13 septembre 2008.

> Dr G. B.

Source : lequotidiendumedecin.fr: 8417