LE PNEUMOCOQUE est la principale cause d'infections bactériennes en pédiatrie. C'est le premier agent des pneumonies, des bactériémies et des septicémies. Dans les otites moyennes aiguës et les méningites, selon les années et les études, il apparaît comme la première ou la deuxième bactérie responsable (1). L'efficacité du vaccin pneumococcique conjugué heptavalent dans la prévention des infections ORL récidivantes dépend de l'âge de l'enfant au moment de la vaccination, ainsi que de l'existence d'antécédents d'otites. Dans une étude réalisée par le Northern California Kaiser Permanente Vaccine Study Center Group (2), l'efficacité du vaccin pneumococcique à l'égard des otites moyennes a été évaluée en tant que critère secondaire. Cette étude prospective à double insu a porté sur 37 868 enfants qui ont été vaccinés à 2, 4, 6 et 12 à 15 mois. La durée du suivi s'est prolongée jusqu'à ce qu'ils atteignent l'âge de 3 ans et demi. Dans ce travail, le nombre total d'épisodes d'otites moyennes, quelle que soit leur étiologie, a été plus faible de 7 % chez les enfants vaccinés. L'analyse per protocole, qui ne porte que sur les patients qui ont été traités comme le prévoyait le protocole de l'étude, a montré que la fréquence des otites récidivantes, définies par trois épisodes en 6 mois ou quatre épisodes en 1 an, a été plus faible de 9 %, cette diminution ayant atteint 23 % si l'otite récidivante était définie par la survenue de cinq épisodes en 6 mois ou de six épisodes en 1 an. Enfin, la mise en place d'aérateurs transtympaniques a été réduite de 24 % dans l'analyse per protocole et de 23 % en intention de traiter.
L'efficacité du vaccin dans la prévention de l'otite moyenne aiguë a été également évaluée au cours d'une étude clinique randomisée à double insu chez 1 662 nourrissons finlandais (3). L'efficacité du vaccin dans l'OMA due à un sérotype vaccinal constituait le critère principal de l'étude. Elle a été évaluée à 57 % dans l'analyse per protocole et à 54 % dans l'analyse en intention de traiter. Enfin, l'incidence de toutes les otites moyennes pneumococciques a diminué de 34 % et celle de tous les épisodes d'otite moyenne, quelle que soit leur étiologie, a baissé de 6 %. Chez les enfants de l'étude qui ont été suivis jusqu'à l'âge de 4 à 5 ans, l'efficacité du vaccin sur la survenue des otites moyennes fréquentes, définies par au moins trois épisodes en 6 mois, a été de 18 %. Elle a atteint 50 % pour les otites moyennes chroniques avec épanchement et la fréquence des mises en place d'aérateurs transtympaniques a diminué de 39 %.
En revanche, l'administration du vaccin chez des enfants de 6 à 24 mois s'est montrée inefficace vis-à-vis de la prévention des otites (4). Ainsi, le vaccin pneumococcique conjugué est efficace dans la prévention des infections respiratoires hautes s'il est administré chez les enfants dans leurs premiers mois de vie. Dans ce cas, la vaccination est associée à une diminution de la fréquence des otites moyennes aiguës de l'ordre de 10 %. Cette efficacité est encore plus marquée sur la fréquence des otites récidivantes, qui baisse de 20 % environ. De même, la fréquence de la pose d'aérateurs transtympaniques est diminuée de plus de 20 %. En revanche, chez l'enfant moins jeune, en particulier lorsqu'il a des antécédents d'otite, le vaccin pneumococcique n'a aucune efficacité et n'est pas indiqué dans la prévention des otites dans ce contexte.
L'efficacité du vaccin antigrippal dépend de l'incidence de la grippe.
Le vaccin antigrippal, quant à lui, est recommandé en France en cas de maladie chronique ou d'infections respiratoires récidivantes basses. En cas d'infections ORL, son efficacité préventive dépend des études et de l'incidence de la grippe dans l'année qui suit (5). Ainsi, lorsque l'épidémie est peu intense, l'effet du vaccin est modeste, voire absent dans certaines études. Lorsque l'épidémie est intense, l'efficacité du vaccin est nette sur la fréquence des otites, qu'il s'agisse du vaccin inactivé injectable ou du vaccin viral nasal, ce dernier étant disponible aux États-Unis, mais pas en Europe. Ainsi, s'il est tentant de proposer de vacciner les enfants contre la grippe pour réduire le risque d'otite, en particulier pour les enfants présentant des formes récidivantes, le bénéfice de la vaccination dépend de l'incidence de la grippe, du type de virus responsable de l'infection grippale, du vaccin et des patients vaccinés.
D'après un entretien avec le Dr Robert Cohen, centre hospitalier intercommunal de Créteil.
(1) Cohen R. Stratégies thérapeutiques chez les enfants vaccinés par le Prevenar®. Médecine thérapeutique/Pédiatrie 2005;8:272-4. (2) Black S et coll. Efficacy, safety and immunogenicity of heptavalent pneumococcal conjugate vaccine in children. Northern California Kaiser Permanente Vaccine Study Center Group. Pediatr Infect Dis J 2000;19:187-95. (3) Eskola J et coll. Efficacy of a pneumococcal conjugate vaccine against acute otitis media. N Engl J Med 2001;344:403-9. (4) Hoberman A et coll. Effectiveness of Inactivated Influenza Vaccine in Preventing Acute Otitis Media in Young Children. A Randomized Controlled Trial. JAMA 2003;290:1608-1616.
(5) Cohen R. Vaccination antigrippale et otites. Médecine thérapeutique pédiatrie 2007;10:186-8.
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