DANS SES antécédents, la jeune femme signale des fissures anales. A l’examen, on retrouve deux ulcères d’environ 15 mm de diamètre à la face interne de la petite lèvre gauche. Le reste de l’examen gynécologique ne retrouve rien. Il existe 10 000 globules blancs par millimètre cube ; la protéine C réactive (CRP) est à 85 mg/l. Parmi les diagnostics évoqués, les maladies infectieuses et tumorales. L’immunohistochimie pour le cytomégalovirus et le virus herpès simplex (HSV) est négative. Un dermatologue suggère qu’il s’agit d’une impétiginisation secondaire après infection à HSV et recommande d’appliquer sur les ulcères une crème antibactérienne. Toutefois, ce traitement est sans effet notable. Et la Polymerase Chain Reaction pour HSV est négative, de même que les cultures bactériennes.
Saignements par l’anus et diarrhées.
Trois semaines plus tard, la patiente est revue et réinterrogée. Elle signale que, au cours du mois précédent, elle a eu des saignements par l’anus à trois reprises et qu’elle a eu plusieurs épisodes diarrhéiques. On réexamine la patiente : il y a maintenant trois ulcères au niveau de la petite lèvre gauche ; au niveau du rectum, la muqueuse est irrégulière, ce que l’on met sur le compte d’hémorroïdes.
Etant donné les saignements anaux et les diarrhées, on se dit que les ulcérations vulvaires sont peut-être dues à une cause gastro-intestinale. La CRP est montée à 136 mg/l et la perte de poids a atteint 8 kg.
La coloscopie montre des signes macroscopiques de maladie de Crohn avec un aspect « en pavé » au niveau du côlon transverse et une iléite terminale modérée.
Les biopsies coliques montrent une inflammation ulcérative non spécifique avec granulomes. On retient le diagnostic de maladie de Crohn du côlon et de l’iléon terminal avec manifestations vulvaires. La patiente est traitée par prednisolone pendant dix semaines, vitamine D et calcium.
Rémission clinique complète.
La rémission clinique est complète. Lorsqu’elle est revue en octobre 2005, la patiente est toujours en rémission clinique, sans lésion vulvaire.
«Chez cette patiente présentant des ulcérations vulvaires, on a d’abord envisagé une cause gynécologique car il n’y avait pas d’autre signe d’appel ni d’anomalies à l’examen clinique. Il est rare qu’une ulcération vulvaire soit la première manifestation d’une maladie de Crohn; le diagnostic est difficile en raison du grand nombre de causes à l’origine d’ulcérations de ce type (...) Ce cas illustre l’importance d’un interrogatoire approfondi (...) Les médecins devraient garder à l’esprit qu’un problème local peut être une manifestation d’un trouble systémique», concluent les auteurs.
Maaike Oonk et coll. « The Lancet » du 9 septembre 2006, p. 962.
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