Vos malades ont lu
« Cosmopolitan », février
Trop bu, trop mangé ? Tout le monde commence à le savoir, la crise de foie, ce mal bien français, n'existe pas. N'empêche, chacun a ses petites astuces et ses petits « trucs » pour prévenir les lendemains de fête difficiles. En cette période où se succèdent réveillons, galettes et bientôt chocolats, « Cosmopolitan » en fait l'inventaire avec, en prime, l'avis d'un médecin.
« Je ne vais jamais à une fête sans Efferalgan 1 000 et Citrate de Bétaïne », avoue Fiona, 22 ans. Laurence, elle, alterne Oxyboldine et Digedryl : « Si je prévois que la soirée sera chargée, j'en prends un avant de partir et un autre le soir au coucher. Si les symptômes persistent au réveil, je persiste aussi et je reprends un comprimé. » Duo classique, rétorque le médecin pour la première, un antalgique et un traitement d'appoint des digestions difficiles, censé agir sur le métabolisme du foie. Mais, pour la seconde, il prévient : « Ces médicaments favorisent la sécrétion de bile. Or les troubles digestifs des lendemains d'excès concernent davantage l'estomac ou les intestins que le foie ou la vésicule. »
Aspirine suivie de la prise de Vichy-Saint-Yorre ou bicarbonate arrosé de Coca-Cola sont deux autres solutions proposées par Nathalie et Dominique. Si le bicarbonate et les eaux qui en sont riches facilitent la digestion et neutralisent l'acidité, l'action irritante de l'aspirine sur la muqueuse gastrique invite à la prudence.
Pour celles qui, inquiètes des calories absorbées, se lancent immédiatement à l'assaut des kilos supplémentaires, le conseil est nuancé : « Cette compensation immédiate est une stratégie actuellement encouragée par certains nutritionnistes, controversée par d'autres qui considèrent qu'une personne régulée d'un point de vue nutritionnel compensera spontanément, sans s'embarquer dans une logique d'hypercontrôle. »
De Kooning, une étincelle d'enfance
« La Recherche », hors-série, janvier-mars
La maladie d'Alzheimer a-t-elle eu raison du génie de Willem de Kooning ? Le débat est d'importance, surtout pour les conservateurs, critiques, historiens et marchands d'art. Tout le milieu ne bruit que de ça : quelle est la valeur de ses uvres les plus récentes. En 1994, « Woman III », une de ses toiles les plus célèbres, est échangée contre l'un des manuscrits les plus précieux du monde, le « Livre des rois » (Chamaneh) datant du XVIe siècle et riche de plus de 100 miniatures. « Une toile peinte il y a une quarantaine d'années vaut donc autant qu'un manuscrit vieux de quatre cents ans », lit-on dans « la Recherche », qui termine son hors-série sur la maladie d'Alzheimer par cette controverse qui agite le monde de l'art, mais aussi le monde scientifique. Le diagnostic de maladie d'Alzheimer est officiellement établi en 1989 quand de Kooning a 85 ans, mais les premiers symptômes sont apparus bien avant cette date. Dans ces années quatre-vingt est-il bien le même que celui qui a contribué à faire basculer le cours de la peinture ? Garry Garrels, conservateur d'une exposition qui s'ouvre à San Francisco, assure que « ces uvres ultimes seront considérées comme les plus fortes par les historiens à venir. Et que chacun en sera ébloui : pour leur sérénité, leur légèreté ». D'aucuns sont sceptiques. Ces qualités ne sont pas celles qui ont fait la célébrité du peintre.
Même la revue scientifique « Lancet » participe au débat. Etudiant la lente dégradation d'un autre peintre, William Utermhlen, atteint lui aussi de la maladie, trois neurologues donnent leurs conclusions : la maladie fait perdre, non seulement la mémoire, mais le sens de la composition. Pis, de l'espace !
Toujours dans la revue, à propos de De Kooning lui-même : le Dr Carlos Hugo Espinel estime que le fait de revenir à la peinture, qu'il voulait abandonner, par ennui et sentiment de ne plus se renouveler, lui a été bénéfique. Fini les autocritiques saignantes, le peindre préfère s'éclater, tous tabous expulsés, en allant droit vers ce qui lui semble alors essentiel : le plaisir absolu, convulsif de peindre. Philippe Sollers, qui l'a rencontré à cette époque dans une petite chambre d'hôpital, dit avoir été ému par sa beauté rayonnante et résume avec son sens de la formule : « Une étincelle d'enfance ! . Quant à Thomas Seydoux, directeur chez Christie's, il avoue : « Il y a bien un moment où il nous faut reconnaître que même la maladie la plus grave ne peut rien contre un peintre. S'il est vraiment grand. »
La forteresse intérieure
« L'Express », 30 janvier au 5 février
A la fois thérapeute, écrivain et saltimbanque, Howard Buten se consacre depuis trente ans aux autistes. Cet Américain de 52 ans a fondé un centre d'accueil en 1997 à Saint-Denis, dans la banlieue nord de Paris. Et s'il incarne le soir sur scène le personnage de Buffalo le clown, cela n'a rien à voir avec son rôle de thérapeute, précise-t-il, « mais ce rôle m'a permis de développer des qualités, comme la liberté d'expression, le don d'improvisation et la spontanéité, qui se révèlent très utiles pour entrer en contact avec ces patients si différents ». Interrogé par « l'Express », il tient à mettre les choses au clair : « Rien aujourd'hui ne permet d'affirmer que cette maladie a des causes psychologiques, même si, dans certains cas, les symptômes se manifestent après une infection, une hospitalisation ou l'arrivée d'un petit frère ou d'une petite sur. Cette conception simpliste de l'autisme, véhiculée par les écrits du psychanalyste Bruno Bettelheim, est contredite par toutes les découvertes récentes qui suggèrent que l'autisme a bel et bien des bases biologiques. Mais elle perdure avec des effets dévastateurs. »
Il raconte, dans son dernier livre, « Il y a quelqu'un là-dedans » (Odile Jacob), son expérience de clinicien. Il ne les guérit pas, mais tente de les améliorer, de les toucher dans leur « forteresse intérieure ». Quelquefois, il arrive même qu'ils s'intègrent dans la société et mènent une existence normale. Mais le travail est long, « il faut travailler jusqu'à dix-huit heures par jour avec ces enfants, ce qui est épuisant, pour les patients comme pour les thérapeutes et les parents ».
Quand on lui demande qu'elle serait la première mesure qu'il prendrait s'il était ministre de la Santé, il n'hésite guère : « Il faudrait ouvrir, dès demain matin, au minimum 1 000 institutions pour prendre en charge les cas les plus difficiles. » Certains parents en sont réduits à envoyer leur enfant en Belgique... aux frais des instances publiques françaises.
Prévenir le risque cardio-vasculaire
« Le Figaro Magazine », 1er février
Les lecteurs du « Figaro Magazine » peuvent, s'ils le souhaitent, évaluer leur risque cardio-vasculaire. En consultant un simple tableau, ils auront une mesure de ce risque en fonction de leur âge, leur sexe, leur pression artérielle, leur consommation de tabac et leur taux de cholestérol. Chaque facteur a son importance. Dans un entretien, le Pr Daniel Thomas (président de la Fédération française de cardiologie) leur assure qu'en dehors des cas qui relèvent de la responsabilité du médecin la prévention est l'affaire de tout le monde. « Il existe des mesures communautaires, s'adressant à tous. Et elles doivent commencer le plus tôt possible, c'est-à-dire dès l'enfance et l'adolescence. » Un à un sont passés en revue les neuf facteurs de risque connus et les moyens de les diminuer. La prévention est une question de bon sens, même si « aucun conseil de prévention ne constitue une garantie absolue, en les suivant, vous réduirez de façon considérable la probabilité de survenue d'un accident cardio-vasculaire ». Bien sûr, il est impossible de modifier l'âge ou l'hérédité, mais nous pouvons agir sur notre alimentation, en consommant des légumes et des fruits, en préférant le poisson à la viande. De même, nous pouvons lutter contre la sédentarité en pratiquant de l'exercice et, bien sûr, arrêter de fumer. Le mieux serait de n'avoir pas commencé.
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