LE PRIX NOBEL de chimie 2004 a été attribué aux Israéliens Aaron Ciechanover et Avram Hershko et à l'Américain Irwin Rose. Il récompense des travaux sur un domaine jusqu'ici peu exploré, la destruction sélective des protéines, une clé théorique dans la lutte contre le cancer.
Les Prs Hershko et Ciechanover ont déjà reçu, en 2000, le prix américain Albert-Lasker pour la recherche médicale fondamentale, considéré comme l'une des plus hautes récompenses après le Nobel. Le lauréat américain, Irwin Rose, 78 ans, est spécialiste de physiologie et de biophysique à l'université de Californie, à Irvine.
Les trois lauréats de cette année ont travaillé sur « l'un des processus cycliques les plus importants de la cellule, c'est-à-dire la dégradation des protéines », a indiqué l'Académie royale des sciences de Suède. Parallèlement à la synthèse des protéines, qui sont renouvelées en permanence, se produisent des processus de dégradation. La vitesse de renouvellement est très différente selon les protéines, allant de quelques minutes à un jour pour les protéines intracellulaires et beaucoup plus pour des protéines extracellulaires comme l'hémoglobine.
Le baiser de la mort.
Les lauréats ont démontré que le processus de dégradation, loin d'être aveugle, a lieu de façon très contrôlée : à tout moment, les protéines ciblées « se voient coller une étiquette moléculaire » s'apparentant à un « baiser de la mort », selon le jury Nobel. Une protéine marquée par cette « étiquette », appelée ubiquitine, sera destinée à être détruite dans un « broyeur à déchets », le protéasome, a expliqué l'Académie.
Or le système de l'ubiquitine est devenu essentiel à la compréhension de l'apparition et du développement des cancers. Le rôle du système de l'ubiquitine dans la dégradation des protéines régulées est un « processus fondamental qui influence les événements cellulaires vitaux, notamment le cycle cellulaire, la transformation maligne, et les réactions inflammatoires et immunitaires », avait expliqué en 2000 le président du jury du prix Lasker, le Pr Joseph Goldstein, prix Nobel de médecine en 1985.
Contre le myélome multiple.
Les travaux des lauréats ont débouché notamment sur l'élaboration, en Israël, d'un produit pour combattre le cancer, Israel21C ou bortezomid (Velcade), approuvé il y a un an par la FDA et qui a reçu en mai dernier une AMM européenne. Ce médicament, un inhibiteur du protéasome, apparaît prometteur dans le traitement du myélome multiple (voir notamment « le Quotidien » du 26 juin 2003).
Les trois Nobel se partageront le prix de 10 000 couronnes suédoises (1,1 million d'euros), qui leur sera remis, comme aux lauréats des autres disciplines, le 10 décembre.
Le Nobel de physique pour les quarks
Le prix Nobel de physique a été attribué aux Américains David J. Gross, H. David Politzer et Frank Wilczek pour leurs travaux sur les quarks (mot tiré d'un roman de James Joyce), ces particules fondamentales dont ils ont étudié les interactions. L'Académie des sciences royale de Suède, qui décerne le prix, estime que, grâce à leur découverte, les lauréats « ont rapproché la physique d'un grand rêve, formuler une théorie unifiée qui engloberait aussi la gravité - une théorie totale ». Frank Wilczek explique que les travaux « n'ont pas d'impact sur la vie de tous les jours et n'en auront jamais » mais ont « un impact sur notre compréhension de la manière dont la nature fonctionne ».
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