LES ANTI-INFLAMMATOIRES non stéroïdiens (Ains) conventionnels sont très largement utilisés dans le traitement de l’arthrose et de la polyarthrite rhumatoïde plus de trente millions de patients y ont recours chaque jour à travers le monde.
Ils sont très efficaces sur la douleur, mais exposent les patients à un risque d’effets secondaires gastro-intestinaux (ulcères symptomatiques, parfois hémorragies et perforations, qui peuvent survenir rapidement sans signe avant-coureur).
Les coxibs (inhibiteurs spécifique de la cyclo-oxygénase de type 2) sont des anti-inflammatoires aussi efficaces que les Ains conventionnels, mais beaucoup mieux tolérés sur le plan digestif, comme le prouvent de nombreuses études, dont la métaanalyse de R. A. Moore et coll. (1) – qui a comparé les effets secondaires liés aux coxibs à ceux de différents Ains conventionnels –, la métaanalyse de Scheiman (2) et les résultats, publiés récemment, de l’étude SUCCESS 1 (3) menée chez plus de 13 000 patients arthrosiques traités par Celebrex (célécoxib).
Prévention cardio-vasculaire.
Un pourcentage important de patients arthrosiques qui ont recours aux Ains non sélectifs ou aux coxibs ont besoin d’un traitement antiagrégant au long cours par de faibles doses d’aspirine (81 mg/j) pour prévenir les accidents cardio-vasculaires.
L’impact de ce traitement sur le profil de tolérance des inhibiteurs sélectifs de la COX-2 (risque d’augmentation des effets indésirables gastro-intestinaux) a été sujet à controverses.
Selon les résultats d’une étude présentés au cours du congrès de l’Eular (Annual European League Against Rheumatism) par le Pr J. L. Goldstein (Chicago, Etats-Unis), la coadministration de Celebrex (200 mg deux fois par jour) et d’aspirine (81 mg/jour) entraîne moins d’effets secondaires gastro-intestinaux que la coadministration de naproxène (500 mg deux fois par jour) et d’aspirine (81 mg/jour).
Dans cette étude multicentrique contrôlée, menée en double aveugle contre placebo, 662 patients (séronégatifs vis-à-vis de Helicobacter pylori) âgés de 50 à 75 ans ont été randomisés pour recevoir pendant une semaine soit le célécoxib (200 mg x 2/j) associé à l’aspirine (81 mg/j), soit le naproxène (500 mg x 2/j) associé à l’aspirine (81 mg/j), soit un placebo associé à l’aspirine (81 mg/j).
L’objectif principal était l’évaluation de l’incidence des ulcères gastriques et/ou duodénaux (ulcérations > 3 mm de diamètre) chez les patients traités par célécoxib + aspirine et chez les patients traités par naproxène + aspirine.
Les objectifs secondaires comprenaient l’évaluation de l’incidence des ulcères gastriques et/ou duodénaux observée avec les coadministrations célécoxib + aspirine et naproxène + aspirine comparées à la coadministration placebo + aspirine et l’évaluation de l’incidence respective des ulcères gastriques et des ulcères duodénaux.
Endoscopie au début et à J7.
Une endoscopie était réalisée à l’inclusion dans l’étude et au septième jour. Les sujets étaient exclus de l’étude si l’endoscopie initiale mettait en évidence plus de cinq lésions érosives au niveau du duodénum ou de l’estomac, ou un ulcère gastrique ou duodénal, ou des lésions oesophagiennes.
L’analyse des données endoscopiques montre que les ulcères gastriques et/ou duodénaux étaient plus fréquents chez les patients du groupe naproxène + aspirine (65/257 ; 25,3 %) que chez les patients du groupe célécoxib + aspirine (18/257 ; 7 %) et que ceux du groupe placebo + aspirine (2/129 ; 1,6 %).
L’incidence des lésions ulcéreuses gastriques et, ou duodénales était plus élevée dans le groupe célécoxib que dans le groupe placebo.
Le risque relatif d’ulcères gastriques ou duodénaux a été évalué statistiquement par le test de Cochran-Mantel-Haenszel.
Cette évaluation fait apparaître une différence significative entre les deux groupes de patients : les sujets traités par célécoxib avaient moins d’ulcères gastriques (GU) ou duodénaux (DU) que les patients du groupe naproxène (GU : 5,8 % vs 22,6 %) ; DU : 1,2 % vs 7 %).
Elle montre également que les sujets du groupe célécoxib ont plus d’ulcères gastriques que les patients du groupe placebo (5,8 % vs 0,8 %) ; en revanche, il n’apparaît pas de différence significative en termes d’incidence des ulcères duodénaux (1,2 % vs 0,8 %).
Dans une population de patients en bon état général, prenant 81 mg d’aspirine, la coadministration de célécoxib entraîne plus de lésions ulcéreuses gastriques et/ou duodénales que l’aspirine seule, mais moins que le naproxène.
Un essai mené parallèlement, mais avec une posologie d’aspirine de 325 mg/j, montre que cette dose d’aspirine fréquemment administrée en prévention des accidents cardio-vasculaires n’a pas d’impact négatif important sur le profil de tolérance du célécoxib évalué par le taux d’ulcérations observées en endoscopie.
Eular 2006, conférence de presse organisée par le Laboratoire Pfizer, à laquelle participaient le Pr Paul Emery (université de Leeds, Royaume-Uni) et le Dr Andrew Moore, directeur de recherche (université d’Oxford, Royaume-Uni).
(1) Moore RA, et al. Arthritis « Res Ther » 2005 ; 7(3) : R644-665.
(2) Scheiman, et al. « Clin Gastroenterol Hepatol », 2004 Apr ; 2 (4) : 290-295.
(3) Singh G, et al. « Am J Med », 2006 Mar ; 119(3) : 255-266.
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