En France, 5 à 10 % des couples rencontrent des difficultés pour accéder à une grossesse désirée. Dans plus d'un tiers des cas, l'infertilité masculine est à l'origine de ce problème. Pour chercher la responsabilité de l'homme dans la stérilité d'un couple, on réalise tout d’abord un test post-coïtal de Huhner. Si ce dernier montre une anomalie des spermatozoïdes, le spermogramme sera alors requis.
Mais « ces dernières années, la manière dont on prend en charge l’homme infertile, après avoir réalisé le spermogramme, a évolué », explique le Dr Edouard Amar, chirurgien uro-andrologue à Paris. Car il est possible de réaliser de nouveaux tests plus sophistiqués, dits d’intégrité de l’ADN spermatique (tests de fragmentation et tests de décondensation) apparus il y a moins de 5 ans. Toutefois, le débat concerne la réalisation de façon systématique ou non de ce type de tests.
« On s’est rendu compte qu’un spermogramme standard correct ne préjugeait pas de la fécondance du sperme de manière certaine, explique Edouard Amar. En premier lieu, le test de fragmentation, permet de repérer les cassures des brins d’ADN du noyau du spermatozoïde. Si celles-ci sont trop nombreuses, les conséquences sur la conception et le conceptus peuvent être défavorables. Toutefois, si l’ovocyte est issu d’une femme jeune, celui répare une grande partie des anomalies. Mais aujourd’hui, les femmes conçoivent de plus en plus souvent tardivement, entre 35 et 40 ans ».
Tests de décondensation
D’autre part, des tests de décondensation peuvent être réalisés en cas d’infertilité masculine ou inexpliquée. Physiologiquement, la maturation du spermatozoïde implique une condensation de l’ADN par des protamines en remplacement des histones. Les tests de décondensation permettent de juger de la qualité de la condensation nécessaire à la protection du noyau. Si celle-ci est médiocre, le noyau peut être fécondant mais entraîner ensuite une fausse couche ou une anomalie chez l’enfant. Toutefois, il est difficile d’interpréter les résultats d’un test de décondensation médiocre. Les données ne sont pas encore robustes sur ce point car les premiers enfants obtenus par ICSI (injection intra cytoplasmique de spermatozoïdes) sont nés en 1993-94. « En dehors des malformations à la naissance, on n’a aucune notion sur la fertilité de ces enfants ni sur leur avenir du point de vue des pathologies éventuelles", note Edouard Amar. C’est pourquoi certaines équipes, notamment en France, réalisent ces tests plus précis en quasi-routine en cas d’infertilité masculine ou inexpliquée afin de mieux étudier la qualité du sperme. Pour le moment, ils ne sont pas remboursés en France.
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