CONGRES HEBDO
Chaque année, un sous-titre est donné au Congrès. Le sous-titre 2001 paraît en effet en adéquation avec l'impression de consolidation, « la science est au service du patient ». Il n'y a donc pas de révolution majeure, mais de nombreux points chauds (« hot spots ») dans tous les domaines : les promesses des années précédentes. L'année prochaine est déjà sous-titrée et annonce clairement l'avenir : conduire la transformation numérique de la médecine.
Cinq modalités se partagent les allées de l'exposition technique, mais les communications et les posters scientifiques ou d'enseignement portent plutôt sur l'imagerie en coupes : radiographie numérique, par détecteurs ou par plaques, échographie, tomodensitométrie, IRM, médecine nucléaire dominée par le PET et son association au scanner. La tendance est à la concentration industrielle radicale, comme le montrent les derniers rachats qui font suite à ceux des années antérieures : il ne restera bientôt plus que quatre ou cinq grands fournisseurs mondiaux...
Les technologies de l'information (IT) constituent le sixième élément, ou la sixième modalité, qui permettra le rassemblement intelligent et l'intégration des différentes données dans le dossier médical électronique ou Electronic Medical Record (EMR). Ce fameux dossier, qui est la propriété du patient, doit pouvoir être accessible de partout et à tout moment : l'archivage à distance est une solution possible.
Tout cela aura un impact sur la façon de travailler et laisse apparaître un risque de fracture numérique encore plus grand si on compare ce qui se passe aux Etats-Unis comme dans différents pays d'Europe et la France... Près des deux tiers des stands ont un lien avec les IT, de près ou de loin, malgré la difficulté de rentabiliser ces investissements importants, achats et coûts de fonctionnement. Aux Etats-Unis, les réseaux sont entrés dans la vie quotidienne. Ils constituent aussi une réponse à la pénurie de radiologues dans différentes spécialités, notamment en urgence, et la nuit.
L'imagerie est devenue entièrement numérique, du radiodiagnostic et de la mammographie à l'échographie. La conférence inaugurale menée par le président de la Société nord-américaine de radiologie, Jerry Pestanick, a été complètement centrée sur ce sujet alors que l'on aurait pu parler d'imagerie moléculaire ou d'angiogenèse, qui ont été abordées dans d'autres séances. Heber Mac Mahon (Chicago) devait ainsi exposer l'intérêt des techniques de détection assistée par ordinateur (CAD) dans la pathologie pulmonaire. Deux méthodes peuvent être utilisées, la radiographie pulmonaire numérisée, au mieux utilisant la technique d'acquisition en double énergie, ou la tomodensitométrie. Puis, Robert Schmidt (NY) a exposé les avancées de cette technique en mammographie numérique ou numérisée secondairement. Dans les deux cas, le constat est qu'un certain nombre de lésions sont manquées par le radiologue pour des raisons multiples, notamment dans le cadre du dépistage. Ces machines permettent de rehausser les performances des méthodes pour la détection des anomalies. Cette meilleure sensibilité entraîne des faux positifs qui nécessitent cette fois l'expertise du radiologue pour affirmer ou infirmer la réalité de ces images. Cependant, les systèmes se perfectionnent et permettront de proposer une aide au diagnostic en proposant une probabilité de malignité selon des critères morphologiques. Après la radiographie numérique et le scanner, l'échographie et l'IRM pourraient bénéficier de ces systèmes experts.
Scanner, échographie et IRM ne sont pas en reste et viennent supprimer des techniques devenues obsolètes tout en ouvrant de nouveaux champs d'exploration. Enfin, les techniques interventionnelles restent indispensables, guidées par l'imagerie, qu'il s'agisse de diagnostic, biopsies, y compris du sein, ou de traitements divers.
Dans le programme, on retrouve la segmentation habituelle avec une importante part donnée à l'imagerie clinique dans tous les domaines, mais des changements sont en cours d'apparition.
Le mouvement d'analyse des pratiques se fait de plus en plus profond et important. Il est maintenant possible d'exploiter l'énorme masse des données collectées par un système devenu extrêmement bureaucratique. Grâce au codage des actes et à la concentration des données, les radiologues américains sont en mesure d'apprécier l'évolution des actes d'imagerie. Le scanner est ainsi trois fois plus utilisé que l'IRM, malgré une formidable hausse des examens IRM, qui sont utilisés dans 85 % des cas pour explorer le rachis ou les articulations. La première activité d'imagerie reste l'imagerie conventionnelle à base de radiographie et la deuxième, l'échocardiographie qui est essentiellement pratiquée par les cardiologues. Dans l'esprit de tout radiologue américain, la lutte pour les parts de marché (« turf battle ») est toujours présente à l'esprit... L'agence fédérale, l'Agency for Healthcare Research and Quality, se révèle ainsi un allié pas si inattendu en publiant un rapport de 640 pages sur la façon de fiabiliser les pratiques en réduisant le nombre d'erreurs. Le chapitre 35, consacré à la radiologie conventionnelle et au scanner, constate que les radiologues sont meilleurs que les « non-radiologues ! ». Les auteurs insistent aussi sur la lecture des examens d'urgence, ce qui ramène indirectement les radiologues à leurs responsabilités : ils doivent être en mesure de donner un avis 24 h/24, 7 j/7...
La place de l'imagerie en médecine est confirmée par un sondage effectué auprès de 225 internistes à qui les auteurs du travail ont demandé de classer par ordre d'importance les 30 plus importantes innovations de ces 25 dernières années. Le scanner et l'IRM arrivent en premier, la mammographie en 5e, l'échographie en 11e et le Viagra en dernière position. Les auteurs soulignent la grande cohérence des résultats malgré la dispersion géographique.
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